Communiqué de presse

L’OTAN doit se préoccuper des droits humains lors de la réunion sur l’avenir de l’Afghanistan

Les forces militaires afghanes et internationales doivent préserver les modestes avancées en matière de droits humains de ces 12 dernières années, et garantir la protection des droits de la population afghane pendant et après l’actuelle période de transition des dispositifs de sécurité, a déclaré Amnesty International à la veille de la réunion de l’OTAN cette semaine à Bruxelles.

Les ministres de la Défense de l’OTAN se réunissent à Bruxelles les 4-5 juin pour discuter, notamment, des progrès du processus de transition des responsabilités e matière de sécurité entre les forces de l’OTAN/FIAS et l’armée nationale afghane, et de la « période de transformation » après 2014.

« L’Afghanistan traverse une période cruciale dans la transition de sa sécurité, et il est essentiel que les droits humains ne soient pas oubliés par le gouvernement afghan et ses partenaires internationaux au cours de ce processus », a souligné Isabelle Arradon, directrice adjointe d’Amnesty International pour la région Asie-Pacifique.

« Le pays fait toujours face à d’énormes difficultés en matière de droits humains. Celles-ci doivent être une priorité de tout programme concernant l’avenir de l’Afghanistan. »

Les civils continuent de subir les violences du conflit afghan, et des inquiétudes demeurent quant à l’absence de responsabilité des forces de sécurité afghanes et internationales pour les préjudices civils et la perte des moyens de subsistance résultant de leurs opérations militaires.

Selon les chiffres de l’ONU, plus de 2 700 civils ont été tués en 2012. Les forces afghanes et la FIAS seraient responsables de 8 % des morts.

« Les forces afghanes et internationales se sont engagées à protéger les civils. La conférence doit faire en sorte que tous les États membres de la FIAS et de l’OTAN enquêtent comme il se doit sur les allégations faisant état de victimes civiles et de dommages causés par leurs opérations, avant le retrait des troupes en 2014 pour éviter de laisser en suspens des affaires non réglées », a ajouté Isabelle Arradon.

Amnesty International reconnaît que l’OTAN/la FIAS ont essayé de réduire les pertes civiles, y compris par des directives tactiques et opérationnelles.

Toutefois, la cellule chargée du suivi des victimes civiles (CCTC) de la FIAS n’est pas encore totalement opérationnelle, par manque de ressources, et doit couvrir les « agences gouvernementales », y compris les différentes agences de renseignement et les entreprises privées menant des opérations militaires en Afghanistan.

Les États de l’OTAN/la FIAS doivent également redoubler d’efforts pour aider le gouvernement afghan à créer un mécanisme de suivi et d’enquête concernant les victimes/blessés civils résultant des actions des forces afghanes de sécurité nationales (ANSF), et à garantir des recours efficaces et rapides lorsque de tels actes se produisent.

Il est nécessaire d’insister davantage sur les droits humains, la formation au droit international humanitaire et aux sexospécificités, pour tous les personnels concernés par la sécurité du pays, notamment la police locale afghane.

Plus d’un demi-million de personnes sont toujours déplacées en Afghanistan, principalement en raison du conflit, et il existe un risque réel que ce nombre augmente si des solutions de sécurité ne sont pas mises en place en urgence.

Beaucoup d’Afghans déplacés sont forcés de vivre dans des taudis, dans des conditions sanitaires déplorables (assainissement et accès insuffisant à l’eau, à la nourriture, à l’éducation et à la santé, entre autres). Ils doivent aussi faire face à des menaces d’expulsion forcée.

« Les pays de l’OTAN qui débattent des problèmes de transition en matière de sécurité doivent aussi répondre à l’impact du conflit sur les déplacements. Les forces afghanes et internationales doivent redoubler d’efforts pour surveiller l’impact des opérations militaires sur les populations locales, et prendre toutes les mesures nécessaires pour minimiser les déplacements dans les zones affectées par les opérations »
, a ajouté Isabelle Arradon.

Beaucoup de femmes afghanes craignent que ce qu’elles ont obtenu en matière de droits humains soit précaire et pourrait être compromis, voire « bradé », du fait que le gouvernement afghan cherche un règlement politique avec les talibans et d’autres groupes d’insurgés.

Tous les États, y compris les États participant à l’OTAN/la FIAS et le gouvernement afghan doivent mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies touchant à la sécurité des femmes en Afghanistan et à leur rôle dans la résolution des conflits.

Neuf des 70 membres du Conseil supérieur de la paix sont des femmes, ce qui est peu. Cet organe du gouvernement afghan est chargé de diriger les pourparlers de paix et de réconciliation avec les talibans et d’autres groupes armés.

« Malheureusement, ces quelques femmes ont déjà été écartées de négociations essentielles », a indiqué Isabelle Arradon.

« L’inclusion des femmes dans les négociations de paix doit être réelle et significative, et leurs préoccupations doivent être prises en compte. »

La parité doit être recherchée par toutes les parties prenantes, notamment les jirgas (conseils tribaux) et les conseils provisoires. La Constitution afghane garantit que la représentation des femmes au Parlement soit d’au moins 25 %.

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