Israël/TPO, TripAdvisor doit se retirer des colonies de peuplement illégales

Colonies TPO

Alors qu’Israël accélère la construction de colonies de peuplement illégales dans les territoires palestiniens occupés (TPO), au mépris flagrant du droit international, Amnesty International demande à TripAdvisor de supprimer d’urgence ses offres situées dans les colonies et de faire clairement savoir qu’elle ne contribuera plus à des violations des droits humains.

Compte tenu de la très nette accélération de l’expansion des colonies, et des attaques persistantes menées par des colons israéliens contre des Palestiniens et leurs biens immobiliers, il est plus important que jamais que les entreprises cessent d’apporter une légitimité aux colonies en y faisant des affaires.

Amnesty International a remis le 25 juin au président-directeur général de TripAdvisor, Stephen Kaufer, une pétition signée par plus de 300 000 personnes partout dans le monde, demandant à son entreprise de se retirer des colonies de peuplement illégales. L’entreprise n’a pas répondu à Amnesty International, qui lui demandait de réagir.

« TripAdvisor doit se conformer à son obligation de respecter les droits humains et doit s’abstenir de contribuer à des crimes de guerre »

« Les colonies israéliennes violent le droit international et représentent des crimes de guerre. Les entreprises qui mènent des activités dans les colonies contribuent aux violations des droits humains et soutiennent tacitement la politique israélienne consistant à chasser les Palestiniens de chez eux et à laminer leurs droits fondamentaux, a déclaré Saleh Higazi, directeur adjoint pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International.

« Il est honteux que TripAdvisor n’ait pas corrigé sa politique, alors même qu’Israël continue, de façon de plus en plus agressive, de s’emparer illégalement de terres, ces spoliations intensifiant les souffrances des Palestiniens. TripAdvisor doit se conformer à son obligation de respecter les droits humains et doit s’abstenir de contribuer à des crimes de guerre. »

En 2019, Amnesty International a rassemblé des informations montrant que les entreprises du tourisme numérique favorisent les crimes de guerre et les violations des droits humains commis contre les Palestiniens, et en tirent profit, en faisant de la publicité pour des sites touristiques situés sur des territoires occupés de façon illégale.

Depuis 1967, des dizaines de milliers de biens immobiliers appartenant à des Palestiniens ont été détruits et des communautés entières ont été déplacées de force pour établir des colonies de peuplement illégales. Les ressources naturelles ont été détournées et captées par les colonies, qui se développent alors que les communautés palestiniennes sont confrontées à des violations des droits humains systématiques et institutionnalisées.

Le droit international prévoit clairement qu’il est illégal d’établir des colonies de peuplement dans un territoire occupé et que cela constitue un crime de guerre, et la communauté internationale s’oppose de longue date à ce type de violation.

En début d’année, les Nations unies ont publié une base de données présentant une liste de plus de 100 entreprises ayant des liens commerciaux avec des colonies, au nombre desquelles figure TripAdvisor. Les entreprises figurant dans cette liste qui continuent de faire du commerce avec les colonies violent en connaissance de cause leurs obligations internationales, qui exigent que les entreprises « évitent d’avoir des incidences négatives sur les droits de l’homme ou d’y contribuer par leurs propres activités, et qu’elles remédient à ces incidences lorsqu’elles se produisent ».

L’industrie du tourisme source de violations

Les recherches menées par Amnesty montrent que l’industrie du tourisme joue un rôle important dans le développement des colonies en attirant des visiteurs qui stimulent leur économie, et en légitimant et normalisant l’existence des colonies. TripAdvisor est le site de tourisme en ligne le plus consulté par les visiteurs étrangers qui veulent aller en Israël, et il met en avant au moins 70 hébergements ou attractions touristiques situées dans les colonies israéliennes.

« La réponse de TripAdvisor ne tient absolument aucun compte de la dure réalité du droit international, et du fait que son activité injecte de l’argent dans l’économie des colonies »

À la suite de la publication du rapport d’Amnesty en 2019, TripAdvisor a déclaré [1] :

« Nous sommes conscients qu’il s’agit d’une question sensible avec des implications culturelles et politiques. Le fait de proposer sur TripAdvisor un hébergement ou une activité commerciale n’implique pas que nous cautionnons cet établissement. »

Depuis, l’entreprise n’a en rien rectifié sa politique, et le site de TripAdvisor continue de proposer, en tant que destinations touristiques attrayantes, des lieux qui sont en fait des scènes de crime. Par exemple, il propose la visite et d’un vignoble et d’un site archéologique à Susya, dans les collines du sud d’Hébron, dans une colonie qui ne cesse de s’étendre, qui a chassé de chez elles plusieurs générations de Palestiniens, et qui continue de causer des violations des droits humains pour les communautés déplacées. Les Palestiniens n’ont pas le droit d’entrer sur ce site, y compris les anciens habitants du village sur les ruines duquel le site a été construit.

« La réponse de TripAdvisor ne tient absolument aucun compte de la dure réalité du droit international, et du fait que son activité injecte de l’argent dans l’économie des colonies, a déclaré Saleh Higazi.

« Pendant que les touristes à Susya apprécient le vin et profitent de la piscine, les Palestiniens qui se trouvent de l’autre côté de la clôture de fil barbelé vivent dans des abris de fortune voués à la démolition et ont du mal à avoir accès à l’eau potable. Le tourisme favorise cette situation inacceptable. »

Un chargé de campagne d’Amnesty sanctionné

Peu après la publication du rapport d’Amnesty, Israël a soumis Laith Abu-Zeyad, chargé de campagne sur Israël et territoires palestiniens occupés, à une interdiction de voyager à titre punitif. Laith Abu-Zeyad, qui vit en Cisjordanie, n’a obtenu aucune justification pour cette interdiction, et il ne dispose d’aucune réelle possibilité de la contester. Il ne peut pas voyager à l’étranger, et il lui a en outre été interdit d’aller à Jérusalem pour rendre visite à sa mère avant sa mort, pour des « raisons de sécurité » non révélées. Il y a tout lieu de penser que cette interdiction a été décidée en réaction au travail qu’il mène en faveur des droits humains et à cause des informations publiées par Amnesty sur les violations commises par Israël.

« Le cas de Laith Abu-Zeyad illustre la violente réalité de l’occupation israélienne. TripAdvisor contribue à un régime qui déplace, piège et traumatise des millions de Palestiniens, et qui punit ceux qui expriment leurs opinions », a déclaré Saleh Higazi.

Une situation qui se dégrade

Selon Peace Now, l’expansion des colonies s’est nettement intensifiée [2] depuis le début de l’année, et le lancement du soi-disant « accord du siècle » du président des États-Unis Donald Trump. Par ailleurs, des colons ont continué de commettre de violences contre des Palestiniens partout dans les TPO, y compris à Jérusalem-Est, et les autorités israéliennes interviennent rarement. D’après le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies [3], depuis le lancement du plan américain, au moins 250 cas de violences, d’intimidations ou d’intrusion commises par des colons israéliens ont été enregistrés.

Le gouvernement israélien prévoit de mettre bientôt à exécution le projet d’annexion de larges portions de territoire en Cisjordanie. Ce projet a été défini dans le soi-disant « accord du siècle » qui a été annoncé sans que les Palestiniens aient été consultés, et il a été rejeté par la majeure partie de la communauté internationale. Le droit international interdit l’annexion d’un territoire occupé, quelles que soient les circonstances.

« Dans ces circonstances, il est plus important que jamais que les entreprises rectifient leur politique et mettent fin à leurs activités dans les colonies, afin de signifier clairement qu’elles ne cautionnent pas les flagrantes violations [4] du droit international commises par Israël, a déclaré Saleh Higazi.

« En continuant de mener des activités commerciales avec les colonies, TripAdvisor se range du côté des politiques abusives du gouvernement israélien et du gouvernement de Donald Trump, en ne tenant aucun compte des souffrances des Palestiniens, et au mépris du droit international . »

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