Israël, Un grave recul en matière de liberté d’expression

La section israélienne d’Amnesty International pourrait voir son statut modifié, de manière à ce que les dons versés à l’organisation ne puissent plus être déductibles des impôts. La raison ? Sa politique visant à stopper la construction de colonies occupant illégalement des territoires palestiniens...

Réagissant aux informations publiées le 12 septembre par des médias israéliens indiquant que le ministère israélien des Finances compte prendre des mesures contre l’organisation et ses donateurs au titre de la Loi anti-boycott de 2011, qui est contestée, en raison de la campagne demandant aux gouvernements d’interdire l’importation de produits en provenance des colonies israéliennes,

« Les informations selon lesquelles le gouvernement israélien entend sanctionner Amnesty International en raison de sa campagne concernant les colonies, sont très inquiétantes. Les autorités ne nous ont pas informés de telles mesures, mais si ces informations sont vraies, il pourrait s’agir d’un grave recul en matière de liberté d’expression et d’un mauvais présage en ce qui concerne l’aptitude des ONG de défense des droits humains à mener en Israël leurs activités librement et sans ingérence. » a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International

Amnesty International n’a reçu aucune notification officielle concernant de telles mesures, et elle en a demandé la confirmation au ministère israélien des Finances.

Une sanction financière contre la liberté d’expression

Des médias israéliens ont signalé que les autorités israéliennes vont modifier le statut de la section israélienne d’Amnesty International afin que les dons versés à l’organisation ne puissent plus être déductibles des impôts. La section israélienne d’Amnesty International a obtenu seulement en octobre de l’an dernier cette autorisation pour les dons déductibles.

« Si des mesures punitives sont prises contre Amnesty International en raison de sa campagne portant sur les colonies, cela constituera de la part des autorités israéliennes une attaque flagrante contre le travail légitime de défense des droits humains mené par l’organisation. Il s’agira aussi de la dernière initiative en dates prise par les autorités pour réduire au silence les militants et organisations de défense des droits humains qui critiquent le gouvernement israélien et demandent le respect de l’obligation de rendre des comptes », a déclaré Magdalena Mughrabi.

Amnesty International a à maintes reprises souligné que l’existence même des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés constitue une violation du droit international, point sur lequel il existe un consensus international et que reflètent plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Ces colonies contribuent depuis plusieurs décennies à des souffrances et des violations massives dans les territoires palestiniens occupés.

Un soutien économique est un soutien politique

En tant qu’organisation de défense des droits humains, Amnesty International vise à ce que les gouvernements respectent leurs obligations au titre du droit international, et à ce qu’ils ne favorisent pas eux-mêmes de telles violations. C’est pour cette raison que la campagne de l’organisation adresse des appels aux États à travers le monde ; elle leur demande de cesser de contribuer à cette situation illégale en soutenant financièrement la politique de colonisation abusive, discriminatoire et illégale des autorités israéliennes.

La communauté internationale aide directement ceux qui profitent économiquement de ces colonies illégales, en autorisant l’importation sur ses marchés de produits provenant des colonies et en permettant aux entreprises d’y mener leurs activités ou d’importer des biens qui y sont produits. Il est essentiel, pour mettre un terme aux violations massives subies par les Palestiniens vivant sous l’occupation israélienne, de mettre fin à ces activités.

Amnesty International, de façon générale, ne soutient ni ne s’oppose au boycott de la part des consommateurs. L’organisation défend toutefois le droit de participer à un boycott ou d’y appeler pour les personnes qui choisissent de le faire, et elle a mené campagne en faveur de personnes qui avaient été sanctionnées pour une telle initiative.

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