Communiqué de presse

Iran. Peines de prison et de flagellation pour les danseurs de « Happy » : la liberté d’expression est mise à mal

La condamnation de sept personnes qui ont réalisé une vidéo en hommage à la chanson de Pharrell Williams, « Happy », témoigne du mépris des autorités iraniennes pour la liberté d’expression, a déclaré Amnesty International.

Six des personnes apparaissant dans la vidéo ont été condamnées à six mois de prison et la septième à une année, a déclaré l’un de leurs avocats dans une interview. En outre, elles ont toutes été condamnées à 91 coups de fouet. Ces condamnations sont assorties d’un sursis de trois ans.

« Avec ce verdict, l’absurde le dispute à l’injuste. S’il est confirmé, ce serait insensé. Ces personnes seraient condamnées et cataloguées comme criminelles uniquement pour avoir réalisé un clip vidéo en hommage à la joie. Ces jeunes n’auraient jamais dû être exhibés sur la télévision d’État pour " avouer " et n’auraient jamais dû comparaître en justice », a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

« Ces condamnation bafouent les obligations de l’Iran en matière de respect du droit à la liberté d’expression. Si elles sont finalement appliquées, Amnesty International considérera ces jeunes gens comme des prisonniers d’opinion. »

En Iran, les peines avec sursis ne sont généralement pas appliquées, sauf si la personne est reconnue coupable de certains crimes qui relèvent de la qisas (« réparation ») et des hodoud (infractions et châtiments définis dans le droits islamique), durant une période de temps précisée par le tribunal – en l’occurrence, trois ans. Toutefois, elle demeure sous la menace d’un emprisonnement. Quant à la flagellation, elle bafoue l’interdiction absolue de la torture et d’autres châtiments cruels, inhumains ou dégradants.

Ces condamnations n’ont pas encore été communiquées par écrit aux avocats.

Les sept Iraniens, trois femmes et quatre hommes, ont été reconnus coupables de « participation à la production d’un clip vulgaire » et de « relations illicites entre membres du groupe », à l’issue de leur procès qui s’est déroulé le 9 septembre. Leur avocat a déclaré ignorer s’ils vont faire appel.

Ils ont été arrêtés en mai 2014, après être apparus dans la vidéo, dansant sur « Happy », un hymne entraînant qui a inspiré des centaines d’hommages analogues à travers le monde. La vidéo est filmée dans les rues et sur les toits de Téhéran. Les femmes ne sont pas voilées ; le port du voile est obligatoire en Iran depuis 1981.

Selon la police, cette vidéo « vulgaire » a heurté la « chasteté du public ». Peu après leur arrestation, la télévision officielle iranienne a diffusé les « aveux » des accusés : ils affirment avoir été dupés en faisant cette vidéo, croyant qu’elle était destinée à une audition.

Complément d’information

Ces sept personnes sont Sassan Soleimani, Reyhaneh Taravati, Neda Motameni, Afshin Sohrabi, Bardia Moradi , Roham Shamekhi et Sepideh.

Sassan Soleimani a été reconnu coupable d’avoir réalisé la vidéo, et Reyhaneh Taravati de possession d’alcool dans sa maison et de mise en ligne et diffusion du clip sur YouTube.

Leur arrestation a déclenché sur Twitter une campagne en faveur de leur remise en liberté sous le hashtag #freehappyiranians.

Le 21 mai, le compte Twitter semi-officiel du président Hassan Rouhani a cité une déclaration qu’il a faite en 2013 : « #La joie est un droit de notre peuple. Ne soyons pas trop durs envers les comportements causés par la joie. » Beaucoup ont interprété ce tweet comme une référence aux arrestations.

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