Inde : 33 ans après, justice n’a toujours pas été rendue aux victimes

L’impunité dont jouissent les auteurs du massacre des sikhs perpétré en 1984 doit cesser immédiatement et les autorités doivent veiller à ce que tous les responsables présumés, y compris les supérieurs hiérarchiques, soient traduits en justice, a souligné à nouveau Amnesty International le mardi 31 octobre, dans un briefing intitulé Chauraasi Ki Nainsaafi : The continuing injustice for the 1984 Sikh massacre.

Publié à l’occasion du 33e anniversaire du massacre de 1984, le briefing donne un aperçu de la vie des familles de 15 victimes et survivants, et du combat qu’elles mènent pour obtenir justice depuis plus de 30 ans.

« Il est scandaleux que justice n’ait toujours pas été rendue à des milliers de victimes et de survivants. Si le gouvernement veut que ces personnes aient à nouveau confiance dans le système judiciaire, il doit mettre fin à l’impunité dont bénéficient les responsables de ce massacre et permettre à ceux qui ont souffert de tourner la page », a déclaré Asmita Basu, directrice des programmes à Amnesty International Inde.

Au cours des trois dernières décennies, au moins 12 commissions et comités d’enquête se sont penchés sur les meurtres de 1984. Certaines de ces instances ont indiqué que des dirigeants du parti politique au pouvoir à l’époque étaient impliqués dans les attaques. Cependant, une infime partie seulement des responsables ont été déférés à la justice.

En février 2015, le ministère de l’Intérieur de l’Union (MHA) a constitué une équipe d’enquête spéciale (SIT), composée de trois membres, en vue d’enquêter à nouveau sur les actions pénales engagées à Delhi en relation avec le massacre des sikhs commis en 1984. Plus de deux ans et trois prolongations de mandat plus tard, la SIT a finalement déclaré, en 2017, qu’elle avait clos 241 dossiers et engagé des poursuites dans 12 cas seulement. En août, la Cour suprême a chargé un collège composé de deux anciens juges d’examiner les décisions de classement prises par la SIT.

« L’échec de la SIT fait suite à celui de ses prédécesseurs, et permet de douter de la détermination des autorités à rendre la justice », a déclaré Sanam Sutirath Wazir, chargé de campagne principal à Amnesty International Inde. « Tant que les responsables n’auront pas été punis, les victimes de 1984 ne pourront pas tourner la page. »

Darshan Kaur, 57 ans, dont le mari a été tué lors du massacre, a dit à Amnesty International Inde : « On nous a conseillé d’oublier le passé et de construire notre avenir. Essayez un peu de vous mettre à notre place. S’il est possible d’oublier le passé ? Jamais. Pour nous, la justice est la seule voie possible pour aller de l’avant. C’est la moindre des exigences. »

Amnesty International Inde appelle les autorités à mener des enquêtes efficaces, mais elle demande aussi au gouvernement central de prendre des mesures de réparation complètes pour les victimes et les survivants, de promulguer une loi destinée à faire face aux violences communautaires, de mettre en place des programmes adéquats de protection des victimes et des témoins et de réformer la police.

Complément d’information

En 1984, au moins 3 000 hommes, femmes et enfants sikhs ont été tués, essentiellement à Delhi, au cours des quatre jours de meurtres et de pillages qui ont suivi l’assassinat de la Première ministre Indira Gandhi. Cependant, une infime partie seulement des responsables ont été déférés à la justice.

La police de Delhi a clôturé des enquêtes sur des centaines de cas après le massacre, invoquant le manque de preuves. Seule une poignée de policiers, accusés d’avoir manqué à leur devoir et offert une protection aux assaillants, a fait l’objet de sanctions.
Plus de 600 000 personnes ont soutenu la campagne qu’Amnesty International Inde a menée afin d’obtenir justice pour les victimes et les survivants du massacre de 1984.

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