Île de Manus : Des vies sont menacées alors que les autorités tentent de transférer les réfugiés

En réaction aux informations selon lesquelles les autorités de Papouasie-Nouvelle-Guinée ont envoyé jeudi 23 novembre, vers 8 heures, des agents de l’immigration armés de baguettes et de couteaux au centre de détention pour réfugiés de Lombrum sur l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, Amnesty International a déclaré :

« Les risques de blessures graves si les autorités font usage de la force maintenant sont totalement prévisibles. Le gouvernement met sciemment les réfugiés en danger, a déclaré Kate Schuetze, chercheuse sur le Pacifique à Amnesty International, de retour de l’île de Manus.

« Comment justifier une telle action ? Aux termes du droit international et des normes internationales, les réfugiés doivent bénéficier d’une protection internationale. Le pays où ils ont cherché refuge – l’Australie – bafoue constamment leurs droits. Les autorités de Papouasie-Nouvelle-Guinée ont contribué à la politique de cruauté et d’humiliation menée par l’Australie envers les réfugiés. Aujourd’hui, elles mettent leurs vies en danger. »

L’un des réfugiés arrêtés par la police dans la matinée du 23 novembre est le journaliste et défenseur des droits humains Behrouz Boochani, qui a révélé au monde l’ampleur des violences subies par les réfugiés et demandeurs d’asile dans le camp de détention sur l’île de Manus. On ignore pourquoi il a été arrêté. Cependant, son arrestation semble ressortir de la volonté d’isoler les défenseurs des droits humains du reste du groupe.

« L’arrestation de Behrouz Boochani en tant que prétendu leader de la manifestation pacifique sur l’île de Manus est une erreur. Elle bafoue ses droits et adresse un terrible signal quant aux intentions de la Papouasie-Nouvelle-Guinée concernant les quelque 400 hommes qui se trouvent encore dans le centre. Il doit être relâché immédiatement et sans condition », a déclaré Kate Schuetze.

Trois autres réfugiés risquent d’être arrêtés pour les mêmes motifs. Tous ces hommes ont été interpellés et détenus en 2015 pour avoir manifesté pacifiquement au centre de détention pour réfugiés.

« Les gouvernements d’Australie et de Papouasie-Nouvelle-Guinée ont délibérément supprimé tous les approvisionnements dans le camp et la Papouasie-Nouvelle-Guinée met de l’huile sur le feu en arrêtant Behrouz Boochani – tout ceci dans le but de contraindre les réfugiés à partir. Il semble qu’il a été arrêté à titre de représailles parce qu’il a dénoncé la situation des droits humains au sein du camp », a déclaré Kate Schuetze.

Amnesty International a demandé à maintes reprises qu’une aide humanitaire soit fournie aux réfugiés, en attendant de trouver une solution à la fois sûre et digne, en consultation avec eux et dans le respect de leurs droits humains.

« La solution la plus évidente est que l’Australie transfère tous les réfugiés sur son sol. Ils ne sont pas en sécurité en Papouasie-Nouvelle-Guinée », a déclaré Kate Schuetze.

Amnesty International demande depuis longtemps que le camp sur l’île de Manus soit fermé et que les réfugiés soient mis en sécurité en Australie. Or, les autorités ont décidé de fermer un camp pour en ouvrir un autre sur la même île, dans un lieu où les réfugiés seront encore moins en sécurité.

Complément d’information

Quelque 420 réfugiés vivent encore au centre alors que la fourniture de tous les services – nourriture, eau, électricité et soins médicaux notamment – a été stoppée le 31 octobre. Ils survivent avec les denrées qu’ils ont pu faire entrer clandestinement dans le camp et l’eau de pluie.

Les autorités de Papouasie-Nouvelle-Guinée s’efforcent de saper les efforts des réfugiés pour survivre dans le camp : elles bloquent toute arrivée de nourriture, sabotent les citernes et réserves d’eau qu’ils ont faites et les empêchent d’acheter des médicaments en vente libre dans la ville de Lorengau.

La décision de transférer de force les réfugiés n’est pas judicieuse. Tout usage de la force dans ce climat très tendu risque de se traduire par des blessés graves. En avril 2017, les forces de sécurité de Papouasie-Nouvelle-Guinée ont tiré des coups de feu dans le centre après qu’une querelle eut éclaté. Si des armes à feu sont utilisées, il pourrait y avoir des victimes parmi les réfugiés.

Les réfugiés ne veulent pas s’installer dans le nouveau camp car ils craignent de ne pas y être en sécurité. Les travaux de recherche d’Amnesty International confirment que leurs craintes sont fondées. Certains ont été attaqués et grièvement blessés par des membres de la population locale qui font clairement savoir qu’ils ne veulent pas de ces réfugiés sur l’île. Les réfugiés ne sont pas, ou peu, protégés contre ces attaques, sauf s’ils vivent dans des centres de détention.

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