Guinée : les autorités doivent mettre un terme aux arrestations arbitraires et aux homicides

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

18 novembre 2010

ÉFAI

Index AI : PRE01/384/2010

Amnesty International demande aux autorités guinéennes de mettre un terme aux exécutions extrajudiciaires, aux arrestations arbitraires et aux actes de torture perpétrés depuis l’élection présidentielle. La répression a fait plusieurs morts et plus de 50 personnes ont été arrêtées arbitrairement.

Les autorités guinéennes ont déclaré l’état d’urgence le 17 novembre, trois jours après que la Commission électorale nationale indépendante eut annoncé qu’Alpha Condé avait remporté le scrutin. Dans le cadre de l’état d’urgence, le couvre-feu a été décrété et les forces de sécurité ont été investies de pouvoirs supplémentaires.

« Si les autorités guinéennes ne mettent pas immédiatement un terme aux homicides illégaux, aux arrestations arbitraires et à l’usage excessif de la force par la police et l’armée, le pays risque de basculer dans une situation qui pourrait donner lieu à de nouvelles atteintes graves aux droits humains, a déclaré Gaetan Mootoo, chercheur à Amnesty International.

« Le transfert de la responsabilité du maintien de l’ordre aux forces de sécurité risque d’aggraver une situation qui est déjà extrêmement préoccupante. À plusieurs reprises ces 20 dernières années, la police et l’armée ont tiré à balles réelles sur des manifestants non armés. »

L’organisation demande également aux autorités d’ouvrir une enquête indépendante sur la répression.

Selon la presse, l’état d’urgence va rester en vigueur jusqu’à ce que la Cour suprême confirme, lundi 22 novembre en principe, les résultats de l’élection.

Plusieurs témoins ont déclaré à Amnesty International que les forces de sécurité, notamment des militaires, avaient utilisé des armes à feu contre des manifestants non armés, y compris contre des mineurs.

Des médecins qui ont examiné les corps de personnes tuées pendant les événements ont indiqué à Amnesty International avoir constaté que les victimes avaient été touchées à la tête, à l’abdomen, au thorax et derrière la tête, ce qui montre que les forces de sécurité ont tiré dans l’intention de tuer et non pas simplement pour disperser les manifestants.

Le nombre de personnes tuées n’a pas été rendu public.

Amnesty International a obtenu des informations sur les cas suivants :

• ?Mamadou Macka Diallo, un jeune homme de 18 ans qui étudiait dans la capitale, Conakry, « a été tué par un policier », selon un témoin.

• ?Abdoulaye Ba, un lycéen de 16 ans, a été tué alors qu’il pénétrait dans sa maison à Koza.

• ?Abdoulaye Boubacar Diallo, un homme de 29 ans exerçant la profession de docker, a été tué alors qu’il s’enfuyait.

 ?Ibrahima Diallo, âgé de 32 ans, a été tué à Koloma.

• ?Boumama Sacko a été tué par une balle perdue à Labé. Il était en train de laver une voiture.

Les personnes arrêtées sont gravement exposées au risque de torture ou d’autres mauvais traitements. Selon un témoignage recueilli par Amnesty International, 15 personnes arrêtées ont été battues au poste de police de Dixinn, à Conakry.

Un témoin oculaire a déclaré qu’un policier avait enfoncé ses deux doigts dans les yeux d’un détenu.

« Les autorités guinéennes doivent donner des ordres stricts aux forces de sécurité afin que les droits fondamentaux de toutes les personnes arrêtées soient respectés, a déclaré Gaetan Mootoo.

« Le droit international prévoit que certains droits fondamentaux, notamment le droit à la vie et le droit de ne pas être soumis à la torture, ne peuvent être suspendus et doivent être respectés en toute circonstance, y compris lorsque l’état d’urgence est en vigueur. »

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit