Guinée équatoriale : Pourquoi papa n’est-il pas encore rentré ?

Ramón Esono Ebalé est un illustrateur et dessinateur humoristique de Guinée équatoriale. Il a été arrêté et emprisonné quand il est retourné dans son pays, en août, pour renouveler son passeport. Aujourd’hui, sa fille de six ans, Cecilia Vaello Esono, ne cesse de se répéter : « Je ne comprends pas ».

Tout son monde s’est écroulé, et Cecilia ne comprend pas pourquoi son papa n’est toujours pas là au bout de deux mois, pas plus qu’elle ne comprend pourquoi il ne l’appelle plus. Le reste de sa famille et les amis de son père ne comprennent pas non plus sa détention.

Ceux qui connaissent Ramón le décrivent comme un homme possédant un grand sens de l’équité, utilisant ses dessins pour dénoncer les injustices dès qu’il en voit. Il n’y a aucun doute que Ramón aime son pays, où ses amis d’enfance et sa famille vivent encore. Mais il ne peut ignorer le manque de libertés et les injustices généralisées de son pays, et il y répond du mieux qu’il le peut : en prenant du papier et un crayon. Un grand nombre de ses dessins humoristiques apparaissent dans le livre La Pesadilla de Obi (Le cauchemar d’Obi) et il tient un blog nommé Las locuras de Jamón y Queso (Les folies de Jambon et Fromage). Ce qui est considéré dans d’autres pays comme l’exercice pacifique de la liberté d’expression a mené Ramón en prison en Guinée équatoriale.

Ramón ne vit plus dans ce pays depuis plus de six ans. Le 16 septembre, le dessinateur et deux de ses amis, des ressortissants espagnols, ont été arrêtés alors qu’ils sortaient d’un restaurant, à Malabo, la capitale. Ils ont été emmenés dans un poste de police, où Ramón a été interrogé sur ses dessins et réprimandé pour avoir critiqué publiquement le gouvernement. Ses amis ont été libérés par la suite, tandis que trois jours plus tard, Ramón était transféré vers la prison de Black Beach. Selon la télévision d’État, il aurait été arrêté pour blanchiment d’argent et faux-monnayage – des chefs d’inculpation qui n’ont aucun sens pour quiconque connaît cet homme. Malgré ces accusations, et après deux mois passés en prison, le dessinateur n’a toujours pas été inculpé officiellement, ce qui rend sa situation incertaine.

Les avocats de Ramón sont convaincus qu’ils pourront facilement prouver que cette affaire est une imposture dès qu’il sera inculpé. Ils pensent que son arrestation a pour but d’intimider toute personne qui pourrait elle aussi oser critiquer le gouvernement de Guinée équatoriale.

Le destin de son père étant toujours aussi incertain, Cecilia, la fille de Ramón, est constamment dans un tel état de détresse qu’elle se met souvent à pleurer quand elle pense à lui. Elle ne peut pas comprendre pourquoi on ne l’autorise pas à rentrer chez lui. Tout comme Cecilia, beaucoup d’autres personnes à travers le monde n’arrivent pas à comprendre les arrestations et détentions arbitraires. La place de Ramón est chez lui, auprès de ses proches.

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