Communiqué de presse

En rejetant le recours formé par les accusés de Bolotnaïa, la Russie veut faire passer un message

La décision du tribunal municipal de Moscou de rejeter un recours formé contre la condamnation de huit des manifestants de Bolotnaïa, emprisonnés à l’issue d’un procès motivé par des considérations politiques, est un nouveau coup porté à la liberté de réunion et d’expression en Russie, a déclaré Amnesty International.

« Cette décision est un avertissement à quiconque envisagerait de descendre dans la rue à Moscou. Il était clair que ce procès était motivé par des considérations politiques, et qu’il a été mené dans le but spécifique de décourager les futures manifestations. Il n’y a aucune raison de maintenir ces personnes derrière les barreaux », a déclaré John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« L’exercice de la liberté de réunion devient peu à peu une infraction en Russie, les autorités n’hésitant quasiment plus à enfermer ceux dont elles considèrent les opinions ou le militantisme non violent comme une menace politique. Que ces détentions soient de courte durée ou prolongées comme dans ce cas, cela doit cesser. »

Des centaines de manifestants antigouvernementaux pacifiques ont été arrêtés le 6 mai 2012 lors d’une manifestation sur la place Bolotnaïa, à Moscou, que la police a dispersée avec brutalité.

Bien que la manifestation ait en grande partie été pacifique, les autorités ont utilisé des épisodes violents isolés pour qualifier ce rassemblement d’« émeutes de grande ampleur », ce qui leur a permis de retenir des chefs d’inculpation plus lourds contre les accusés.

En février 2014, huit de ceux qui avaient pris part à cette action de protestation sont passés en jugement et ont été déclarés coupables de participation à des « émeutes de grande ampleur » et, séparément, d’avoir employé la violence contre des représentants de l’État.

Andreï Barabanov, Yaroslav Béloussov, Sergueï Krivov, Denis Loutskevitch, Alexeï Polikhovitch, Artiom Saviolov et Stépane Zimine ont été condamnés à des peines de prison. Alexandra Doukhanina (Naoumova) a été condamnée à une peine avec sursis.

Vendredi 20 juin, le tribunal s’est prononcé en faveur de la réduction des peines de Sergueï Krivov et Yaroslav Béloussov, à trois ans et neuf mois, et deux ans et trois mois respectivement. Les peines prononcées contre les autres accusés sont cependant restées inchangées.

Avant leur procès, la plupart des manifestants avaient déjà passé environ un an et demi en détention.

Amnesty International considère que six d’entre eux - Artiom Saviolov, Denis Loutskevitch, Yaroslav Béloussov, Sergueï Krivov, Stépane Zimine et Alexeï Polikhovitch - sont des prisonniers d’opinion, uniquement emprisonnés pour avoir pacifiquement fait l’exercice de leur droit à la liberté de réunion et d’expression.

L’organisation demande également la libération d’Andreï Barabanov. Qu’il se soit ou non rendu coupable de « recours à la violence contre un fonctionnaire », cet homme a déjà passé plus de temps en prison que ne le prévoit la peine prononcée contre lui.

« Les événements qui se sont déroulés sur la place Bolotnaïa ont été qualifiés d’émeutes de grande ampleur pour des raisons politiques, et non pas factuelles. Nous pensons que le but était de faire en sorte que les peines encourues par les accusés soient plus lourdes, et d’indiquer ainsi aux manifestants potentiels que les actions de protestation se déroulant dans la rue sont un aller simple pour la prison », a déclaré John Dalhuisen.

Quatre autres manifestants et deux hommes accusés d’avoir organisé les « émeutes de grande ampleur » le 6 mai 2012 sur la place Bolotnaïa sont actuellement jugés à Moscou.

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