Curaçao, les autorités continuent de détenir des Vénézuéliens

Curaçao, les autorités continuent de détenir des Vénézuéliens

Dans son nouveau rapport rendu public le 7 février 2023 sous le titre Curaçao : Little improvement in Protection of Venezuelans, Amnesty International révèle que la situation des Vénézuéliennes et des Vénézuéliens en quête de protection à Curaçao ne s’est pas vraiment améliorée depuis son précédent rapport, Still no Safety [1], en 2021. Malgré les timides mesures prises par les autorités, elles continuent de leur refuser une protection internationale et de les placer systématiquement en détention, dans des conditions inhumaines – y compris les enfants.

Pendant plus d’un an, Amnesty International a suivi les cas de quatre hommes et d’une femme dont l’histoire avait été relatée dans son rapport de 2021 et les a de nouveau interrogés entre décembre 2021 et octobre 2022. Leur situation au cours de l’année 2022 ne s’est pas améliorée et s’est parfois même détériorée ; c’est le cas de Yusmary, enfermée dans un centre de détention pour migrants pendant cinq mois en 2022, ou de José qui, après avoir été détenu pendant près d’un an en 2020 et 2021, n’a toujours aucune nouvelle de sa demande d’asile. « Je me sens toujours enfermé, même si je ne suis plus derrière les barreaux. Je ne veux pas rester à Curaçao. Je veux aller dans un autre pays et y solliciter l’asile », a indiqué José.

De vives préoccupations demeurent

Plus de sept millions de Vénézuéliennes et Vénézuéliens ont fui la crise des droits humains qui fait rage dans leur pays : c’est l’une des pires crises de déplacement forcé du monde. Curaçao, île caribéenne située non loin, qui fait partie du Royaume des Pays-Bas, est l’un des pays de destination. On estime que 17 000 Vénézuéliennes et Vénézuéliens vivent sur l’île en situation irrégulière.

Amnesty International reconnaît que les autorités de Curaçao ont pris des mesures timides pour améliorer la situation des droits humains des Vénézuélien·ne·s en quête de protection. Elles ont mis en place une procédure de protection en 2019 et amélioré les entretiens visant à évaluer les besoins de protection internationale. Cependant, il reste difficile d’y accéder car les autorités de Curaçao ne garantissent pas l’accès à l’information ni à l’aide juridictionnelle, notamment pour les personnes détenues en lien avec des motifs migratoires. En outre, depuis l’adoption de la procédure, aucune demande n’a été acceptée, car les autorités ne considèrent pas que les Vénézuélien·ne·s ont besoin de protection ni qu’ils sont en danger s’ils sont renvoyés dans leur pays. Cette procédure est utilisée, dans la pratique, comme un moyen de rejeter les demandes de protection, ce qui va à l’encontre de son objectif.

Il n’existe toujours pas de centre d’accueil pour les demandeuses et demandeurs d’asile. Bien qu’il y ait de nouveaux bâtiments à Foreigners Barracks, le centre de détention au sein de la prison Sentro di Detenshon i Korekshon Korsou (SDKK), les personnes en quête de protection, dont des enfants, sont toujours placés automatiquement en détention, sans aucune révision judiciaire, en violation du droit international relatif aux droits humains. La détention automatique et les conditions inhumaines à Foreigners Barracks, comme le fait d’être enfermé dans une cellule pendant la majeure partie de la journée et l’absence d’activités récréatives, sont un facteur dissuasif pour les personnes qui entament une procédure de protection ou souhaitent la mener jusqu’à son terme.

Ce que demande Amnesty International

« Nous notons les mesures prises par les autorités de l’île pour améliorer la situation des Vénézuélien·ne·s qui cherchent une protection à Curaçao. Mais cela ne suffit pas. Elles doivent redoubler d’efforts et le Royaume des Pays-Bas doit leur apporter son soutien », a déclaré Dagmar Oudshoorn, directrice d’Amnesty International Pays-Bas.

Amnesty International demande aux autorités de Curaçao de garantir le droit des ressortissants vénézuéliens de réclamer une protection, en créant une procédure de demande d’asile efficace et équitable qui respecte les normes internationales et en veillant à ce qu’elle soit accessible. Sans plus attendre, elles doivent mettre fin à la détention automatique des personnes en quête de protection et cesser de détenir des mineur·e·s, car ce n’est jamais dans leur intérêt supérieur. Le gouvernement des Pays-Bas doit évaluer les risques en termes de droits humains de l’appui qu’il apporte à Curaçao et mettre en place des garanties contraignantes.

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