De la couleur violette projetée sur la façade de l’ambassade de Turquie

Convention Istanbul Turquie

Ce lundi 10 mai, à 22 h 30, à la veille du 10e anniversaire de la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (Convention d’Istanbul), Amnesty International a projeté au moyen de puissants projecteurs de la couleur violette (symbolisant la lutte contre les violences à l’égard des femmes et les violences liées au genre) sur la façade de l’ambassade de Turquie, pays qui a pris la décision de se retirer de cette Convention en mars dernier – décision qui doit entrer en vigueur le 1er juillet.

Parallèlement, des militant·e·s de l’organisation ont déroulé une banderole sur laquelle était inscrit : « #IstanbulConventionSavesLives », message qui a également été tagué sur le sol devant l’ambassade, alors que d’autres militant·e·s brandissaient des panneaux appelant la Turquie à renoncer à leur retrait de la Convention d’Istanbul et témoignant de leur solidarité avec les filles et les femmes turques.

« La décision du Président Erdoğan de se retirer de la Convention d’Istanbul est dangereuse et bafoue les droits de millions de femmes et de filles dans le pays, alors même que la Turquie prétend vouloir protéger les victimes d’agression sexuelle et de violence domestique. Nous exigeons des autorités turques qu’elles reconsidèrent leur décision et se montrent à la hauteur de cette Convention que la Turquie fut la première à signer », explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.

Cette projection d’Amnesty International à Bruxelles a eu lieu dans le cadre de la grande Journée mondiale d’action qui se tient ce mardi 11 mai à l’occasion du 10e anniversaire de la Convention d’Istanbul. Les actions qui sont menées ce jour un peu partout sur la planète sont organisées par divers groupes de défense des droits humains et des droits des femmes. De nombreuses actions de protestation sont prévues en ligne, mais aussi in situ dans plusieurs capitales.

« Suite à l’annonce par le Président Erdoğan de sa décision de quitter la Convention d’Istanbul, les femmes, en Turquie et dans le monde entier, plutôt que de se laisser intimider, ont pris le parti d’unir leurs forces et sont descendues dans la rue. Au lieu de se décourager, elles se mobilisent. Plus que jamais, les gens parlent de la Convention et comprennent son importance », indique Agnès Callamard, Secrétaire générale d’Amnesty International.

Amnesty International craint que le retrait de la Turquie soit la partie émergée d’un dangereux iceberg populiste. En effet, en s’appuyant sur une vision rétrograde et tronquée des « valeurs familiales », plusieurs gouvernements tentent de faire reculer les droits des femmes et des personnes LGBTI+ un peu partout en Europe.

« Au cours de la décennie qui a suivi la première signature qu’elle a recueillie, la Convention d’Istanbul s’est révélée être un instrument essentiel, qui a contribué à protéger les femmes contre la violence. Un retrait de la part de la Turquie aurait pour conséquences des incertitudes, des craintes et de réels dangers pour des millions de femmes et de filles dans ce pays, explique encore Agnès Callamard. La menace de violence est une réalité quotidienne pour des femmes et des filles dans le monde entier. C’est pourquoi la ratification de la Convention d’Istanbul est si importante, et que la solidarité internationale est si vitale pour protéger la Convention. »

Amnesty International rejoindra ce mardi 11 mai, à 17 h 30, le rassemblement qui aura lieu au rond-point Schuman, à Bruxelles, avec pour objectif de renforcer la réaction internationale contre la tentative de retrait de la Turquie de la Convention d’Istanbul et de soutenir les femmes et les filles de ce pays qui luttent pour ce texte au quotidien.

Complément d’information

D’autres actions sont organisées ce 11 mai par Amnesty International devant des ambassades turques, notamment au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Autriche (des actions sont menées en ligne dans d’autres pays et sont à suivre via le hashtag ##IstanbulConventionSavesLives).

La Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, connue sous le nom de Convention d’Istanbul, a été ouverte à la signature dans cette ville le 11 mai 2011.

La Convention d’Istanbul est le premier traité européen consacré à la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, et le traité international le plus ambitieux à cet égard. La Convention établit des normes minimales en ce qui concerne la prévention de la violence, la protection des femmes et des jeunes filles en danger, les poursuites pénales contre les auteurs présumés, ainsi que la mise en place de services de protection et de soutien tels que des foyers et une aide médicale pour les victimes.

Trente-quatre pays du Conseil de l’Europe ont ratifié la Convention d’Istanbul, qui est entrée en vigueur en 2014 ; 12 autres l’ont signée, mais pas encore ratifiée. Récemment, le parlement du Liechtenstein a approuvé la ratification de la Convention.

Alors que la Turquie a été le premier État à signer et à ratifier ce traité, elle serait également le premier à s’en retirer si elle ne revenait pas sur sa décision. En mars, le gouvernement turc a tenté de justifier sa décision de se retirer de la Convention en affirmant qu’elle avait pour but de « normaliser l’homosexualité », ce qui, selon lui, est « incompatible avec les valeurs sociales et familiales de la Turquie ». Plusieurs dirigeant·e·s du monde ont condamné cette décision, dont le Président américain, Joe Biden, et la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

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