Colombie, la police nationale doit être entièrement réformée

Colombie, la police nationale doit être entièrement réformée

Jeudi 2 mars, un large groupe d’organisations colombiennes de défense des droits humains et des victimes du recours excessif à la force par les forces colombiennes de sécurité ont présenté, en collaboration avec Amnesty International, une liste de propositions mettant l’accent sur la diversité, l’intersectionnalité et les droits humains pour une réforme intégrale de la police.

Cette liste, fruit d’un processus coordonné de participation et de discussion, a été remise au gouvernement du président Gustavo Petro afin qu’elle puisse servir de socle aux débats sur cette réforme dans le pays.

Ce document, intitulé Represión en la Mira : Pliego de Propuestas para una Reforma Policial Integral, explique qu’il convient au minimum de démilitariser la police nationale ; de modifier sa structure générale et ses fonctions ; de réformer le régime des revenus, des carrières et des promotions ; de limiter le recours à la force par les membres de la police nationale ; de mettre en place des mécanismes de contrôle de l’activité policière et de surveillance par les citoyen·ne·s ; et de garantir que les victimes de violences policières puissent obtenir vérité, justice et réparations.

« En Colombie, la police nationale fait régulièrement un usage excessif de la force contre les manifestant·e·s afin de répandre la peur, de décourager les manifestations pacifiques et de punir les personnes qui réclament des changements dans le pays. Le gouvernement colombien doit engager une réforme complète de la police qui mette l’accent sur les droits humains, et la police nationale doit s’abstenir de bafouer les droits de celles et ceux qui élèvent la voix », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International. « Les événements qui se sont produits au cours des grandes mobilisations et manifestations de ces dernières années ne doivent jamais se répéter. L’État colombien doit prendre des mesures décisives en vue de la construction d’une police nationale qui garantisse les droits de toutes les personnes. »

Amnesty International a également publié 25 reglas para el uso de proyectiles de impacto cinético, un document qui résume les normes internationales relatives à l’utilisation adéquate des projectiles à impact cinétique. Compte tenu du fait que leur utilisation comporte des risques considérables de causer de graves blessures, elle ne doit survenir qu’au terme d’une analyse soigneuse de sa nécessité opérationnelle dans chaque cas. Ce document appelle les gouvernements à reconnaître leurs obligations en matière de droits humains et à n’utiliser des projectiles à impact cinétique que dans des situations exceptionnelles, lorsque cela est dûment justifié et avec prudence, afin de prévenir des dommages excessifs. Ils ne doivent jamais être utilisés pour disperser une manifestation, ni contre des personnes qui se comportent pacifiquement, qui font tout simplement preuve de résistance passive ou qui fuient. L’utilisation de multiples projectiles devrait être interdite.

Complément d’information

Amnesty International a relevé de graves violations des droits humains contre des manifestant·e·s pacifiques [1] lors de la grève nationale de 2021, notamment l’usage excessif de la force, l’utilisation inappropriée d’armes à létalité réduite, des actes de torture et des traitements cruels et inhumains, ainsi que des violences sexuelles et des violences fondées sur le genre contre des femmes et des personnes LGBTIQ+, et des attaques contre des personnes autochtones. L’organisation a également confirmé les effets à long terme de ces violations, notamment sur les jeunes ayant subi un traumatisme oculaire résultant de l’utilisation inappropriée de projectiles cinétiques par la police.

Dans le rapport de juillet 2021 intitulé Cali : En el epicentro de la represión, Amnesty International a montré que les violations du droit à la liberté de réunion pacifique, les activités paramilitaires en milieu urbain, les arrestations arbitraires, la torture et les mauvais traitements infligés à des manifestant·e·s pacifiques à Cali ont semé la peur, découragé les actions de protestation pacifiques et, en fin de compte, puni les personnes qui appelaient au changement dans le pays.

En novembre 2021, Amnesty International a diffusé le rapport Disparos a la vista, publié conjointement avec les organisations colombiennes Temblores et PAIIS. Ce rapport revient sur 12 cas de lésions oculaires et analyse plus de 300 documents audiovisuels illustrant les agissements illégaux de l’Unité antiémeutes (ESMAD) de la police nationale entre le 28 avril et le 20 octobre 2021, dont le Service de vérification numérique d’Amnesty International a confirmé l’authenticité. Le rapport conclut que dans le contexte de la grève nationale en Colombie, les agents de l’ESMAD ont violé les droits fondamentaux de manifestant·e­·s en leur infligeant des lésions oculaires résultant de l’utilisation disproportionnée d’armes à létalité réduite.

En décembre 2022, Amnesty International a publié un rapport intitulé La policial no me cuida : Violencia sexual y otras violencias basadas en género en el Paro Nacional de 2021, dans lequel l’organisation a mis en évidence des pratiques répétées et généralisées de violence contre les femmes, les filles et les personnes LGBTIQ+ de la part des forces colombiennes de sécurité, en présentant 28 cas de violences fondées sur le genre, notamment de violences sexuelles, parmi des centaines de plaintes reçues lors de la Grève nationale de 2021.

Les organisations ayant rendu publique la liste de propositions, en collaboration avec Amnesty International, sont :

Asociación para la Investigación Social
NOMADESC
Caribe Afirmativo
Modep
Ilex acción Jurídica
DeJusticia
Colectivo Justica Racial
Justicia y Democracia
Movimiento Nacional de Víctimas de Crímenes de Estado
Campaña Defender la Libertad
Fundación Trenza
Fundación Comité de Solidaridad con los Presos Políticos
Fundación Lazos de Dignidad
Coordinación Colombia Europa Estados Unidos
Colectivo de Abogados Jose Alvear Restrepo
Comisión Colombiana de Juristas
Humanidad Vigente
Raza & Igualdad
Red contra el abuso de autoridad
Mocao
Temblores ONG

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