Cameroun. Des attentats aveugles marquent un dangereux tournant dans le conflit régional

"Le double attentat-suicide qui a eu lieu hier à Maroua, dans le nord du Cameroun, s’inscrit dans le cadre d’une tendance croissante des groupes armés tels que Boko Haram à s’attaquer aux civils alors que le conflit régional devient de plus en plus violent", a déclaré Amnesty International ce jeudi 23 juillet.

Ce double attentat, qui a fait au moins 13 morts et 30 blessés, est la troisième attaque de grande ampleur menée contre des civils camerounais ce mois-ci. Plus de 50 civils ont été tués au cours des trois dernières semaines, après des mois de calme relatif dans la région.

"Il est extrêmement inquiétant de voir une telle multiplication des attentats, et le recours à des tactiques telles que les attentats-suicides visant délibérément et sans discrimination la population civile démontrent un mépris total à l’égard de la vie humaine", a déclaré Ilaria Allegrozzi, chercheuse sur l’Afrique centrale à Amnesty International, qui est récemment revenue d’une mission de recherche menée à Maroua.

« Ceux qui sont derrière ces récents attentats doivent être identifiés et déférés à la justice, et les forces de sécurité camerounaises doivent utiliser tous les moyens légaux et nécessaires pour protéger la population civile contre Boko Haram, tout en respectant les normes relatives aux droits humains. »

L’attentat n’a pas encore été revendiqué, mais Boko Haram a perpétré de nombreuses attaques dans la région au cours des 18 derniers mois. C’est la première fois que Maroua, chef-lieu de l’Extrême-Nord, est visée par un attentat.

Deux jeunes filles identifiées comme étant les kamikazes ont simultanément déclenché des engins explosifs le 22 juillet sur le marché central très fréquenté de Maroua et dans un autre secteur de la ville appelé Barmare. Ce double attentat a eu lieu alors que les mesures de sécurité avaient été renforcées dans la ville durant ces dernières semaines, à la suite d’une reprise des attaques ailleurs dans la région de l’Extrême-Nord.

Un témoin qui s’est enfui du marché après l’explosion a dit à Amnesty International qu’il avait vu les corps de victimes « tellement brûlés qu’ils étaient méconnaissables, ou réduits en pièces  ». Le marché est actuellement fermé et les forces de sécurité camerounaises ont bouclé le secteur afin de mener des opérations de sécurité.

« Beaucoup de gens à Maroua préfèrent rester chez eux parce qu’ils ont peur qu’il y ait d’autres attentats », a déclaré un autre témoin.
Complément d’information

Le 10 juillet 2015, 15 civils ont été tués dans des attentats à Fotokol, incluant le premier attentat-suicide perpétré au Cameroun. Le 19 juillet, des combattants de Boko Haram ont fait irruption dans le village frontalier de Kamouna, qu’ils ont quasiment rasé, et ils ont tué 23 personnes, dont neuf enfants. La dernière attaque de grande ampleur commise avant le mois de juillet a eu lieu dans la ville de Bia, le 17 avril 2015. Des combattants de Boko Haram ont tué au moins 16 civils, dont deux enfants.

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