Autriche. Les auteurs du meurtre d’un exilé tchétchène doivent être poursuivis en justice

L’homme qui avait fui la Tchétchénie pour Vienne avait accusé le président tchétchène d’actes de torture

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

(Moscou) Le gouvernement autrichien doit agir promptement pour retrouver et traduire en justice les responsables du meurtre d’un Tchétchène qui affirmait avoir été torturé par Ramzan Kadyrov, actuel président de la Tchétchénie, ont déclaré jeudi 15 janvier Human Rights Watch, Amnesty International et le Centre russe " Mémorial " de défense des droits humains.

Selon les informations communiquées par les médias, des assaillants ont abattu Oumar Israïlov, vingt-sept ans, le 13 janvier 2009, au moment où il sortait d’un magasin d’alimentation à Vienne, où il vivait en exil. Oumar Israïlov avait déclaré publiquement qu’il avait été torturé par Ramzan Kadyrov et avait porté plainte auprès de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) en 2006. Plusieurs jours avant son assassinat, Oumar Israïlov s’était plaint auprès de la police autrichienne d’être suivi par des inconnus.

« Nous sommes très inquiets de ce qui semble être un nouvel assassinat, pour raisons politiques, d’un opposant à de hauts fonctionnaires russes, a déclaré Oleg Orlov, directeur du Centre russe " Mémorial " de défense des droits humains. Au vu des représailles brutales infligées à ceux qui dénoncent les exactions en Tchétchénie, les actions d’Oumar Israïlov étaient particulièrement courageuses et ses assassins, ainsi que ceux qui sont derrière eux, doivent être amenés à rendre des comptes très rapidement. »

Selon un article paru dans le New York Times à propos de cet homicide, Oumar Israïlov aurait été détenu en 2003 comme combattant rebelle, puis amnistié avant de travailler brièvement comme garde du corps de Ramzan Kadyrov. L’article cite une interview d’Oumar Israïlov dans lequel il déclarait avoir été torturé, notamment à l’électricité, par Ramzan Kadyrov au cours de sa détention. Il était également cité comme ayant déclaré avoir été témoin de passages à tabac, avoir vu des détenus bourrés de coups de pied et torturés par Ramzan Kadyrov et ses subordonnés. Oumar Israïlov avait fini par s’enfuir en Autriche où l’asile lui avait été accordé.

« Nous connaissons ce dossier et pour nous, les allégations de torture d’Oumar Israïlov sont tout à fait crédibles, a déclaré Rachel Denber, directrice de la division Europe et Asie centrale de Human Rights Watch. La torture est depuis longtemps un problème auquel les autorités russes n’ont toujours pas mis fin en Tchétchénie, même confrontées à des preuves crédibles venant de victimes comme Oumar Israïlov. »

Human Rights Watch et Amnesty International ont recueilli de nombreux témoignages attestant de la persistance en Tchétchénie des mauvais traitements et actes de torture, qui sont le fait à la fois des forces fédérales russes et des forces tchétchènes favorables à Moscou sous le commandement effectif de Ramzan Kadyrov.

« Nous recevons des informations crédibles de personnes en Tchétchénie qui ont été menacées ou tuées pour avoir voulu déposer plainte devant la Cour européenne des droits de l’homme, a déclaré Nicola Duckworth, directrice du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International. Nous ne pouvons exclure la possibilité qu’Oumar Israïlov ait été tué parce qu’il avait cherché à obtenir justice devant la Cour. »

Selon des informations parues dans la presse, le père d’Oumar Israïlov aurait été enlevé après la fuite de son fils, torturé par Ramzan Kadyrov et détenu illégalement pendant plus de dix mois, manifestement pour forcer son fils à rentrer. Une personne se présentant comme l’émissaire de Ramzan Kadyrov était venue voir Oumar Israïlov en Autriche en 2008 et aurait fait pression sur lui pour qu’il retire sa plainte auprès de la Cour européenne des droits de l’homme et rentre en Tchétchénie.

En août 2008, Mukhmadsalakh Massaïev, autre victime présumée de la torture en Tchétchénie, a été enlevé en Tchétchénie plusieurs semaines après la publication d’une interview dans laquelle il décrivait les tortures qu’il avait subies dans une centre de détention illégale. Dans cette interview, Mukhmadsalakh Massaïev déclarait avoir été détenu en 2006 dans des conditions inhumaines dans une prison secrète dans le village natal de Ramzan Kadyrov pendant plus de quatre mois et soumis à des traitements inhumains et dégradants. Il avait déposé plusieurs plaintes auprès du procureur de la République tchétchène dans lesquelles il affirmait que sa détention avait reçu l’approbation de Ramzan Kadyrov. Six mois après son enlèvement, on ignore toujours tout du sort de Mukhmadsalakh Massaïev.
(http://www.hrw.org/en/news/2008/08/05/russia-torture-victim-abducted-chechnya et http://www.amnesty.org/en/library/info/EUR46/025/2008/en).

Pour plus d’informations, merci de contacter :
à New York pour Human Rights Watch, Rachel Denber (anglais, français, russe) : +1-212-216-1266 -
à Moscou pour Human Rights Watch, Tanya Lokshina (anglais, russe) : +7-916-624-1906 -
à Moscou pour Amnesty International, Freiderike Behr (anglais, allemand, russe) : +7-909-675-5573 -
à Moscou pour le Centre russe " Mémorial " de défense des droits humains, Oleg Orlov (russe) : +7-495-762-2465

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