Communiqué de presse

Australie : conditions cruelles et inhumaines dans un camp pour demandeurs d’asile

Une situation de plus en plus explosive, résultant d’un mélange toxique d’incertitude, de détention illégale et de conditions de vie inhumaines, est en train de s’installer dans le camp de rétention pour demandeurs d’asile ouvert par l’Australie hors de son territoire, sur l’île de Nauru, et illustre le manquement spectaculaire du gouvernement à son devoir de protection, a déclaré Amnesty International vendredi 23 novembre 2012.

À l’issue d’une visite de trois jours sur cette île du Pacifique, des chercheurs d’Amnesty International ont conclu que ce centre de traitement de demandes d’asile était totalement inadapté et mal équipé. Trois cent quatre-vingt-sept hommes souffrant de maux physiques et psychologiques y vivent entassés dans cinq rangées de tentes trouées. L’angoisse règne en maître et la saison de la mousson, qui commence et se caractérise par une chaleur étouffante, n’arrange rien.

« La situation à Nauru est inacceptable. La détention illégale et arbitraire de ces hommes dans de telles conditions de dénuement est cruelle, inhumaine et dégradante.  », a résumé Graham Thom, spécialiste de la question des réfugiés à Amnesty International.

« Le climat d’incertitude que nous avons trouvé sur place était débilitant car aucune information n’était fournie aux demandeurs d’asile. Il est manifeste en outre que ce centre de détention provisoire a été construit à la hâte, sans que soient prises en considération les personnes languissant dans ces conditions sordides. »

« Le dernier jour où nous nous sommes entretenus avec les détenus, l’île a été balayée par des pluies torrentielles. Le site a été inondé, il y avait des fuites dans les tentes – les chaussures d’un détenu sont parties à la dérive sur l’eau qui ruisselait à travers sa tente. Nous avons par ailleurs été empêchés de prendre des photos des conditions de vie sur place, bien qu’on nous ait précédemment promis que nous serions en mesure de le faire. »

« Comme si cela ne suffisait pas, nous avons appris que ces hommes pourraient attendre sur place pendant cinq ans en vertu de la politique de l’" avantage nul ". Un homme a tenté de se suicider dans la nuit du 21 novembre. », a indiqué Graham Thom.

Amnesty International exhorte le gouvernement australien à mettre immédiatement fin aux transferts vers Nauru. L’organisation de défense des droits humains estime en effet que le fait d’incarcérer des demandeurs d’asile sur place ne sert à rien d’autre qu’à les sanctionner pour leur quête d’asile.

« Le traitement des demandes déposées par les personnes se trouvant déjà à Nauru doit commencer immédiatement. Le droit de circuler librement doit être respecté, ainsi que l’envisage le groupe australien d’experts sur les demandeurs d’asile, afin que les incertitudes de ces hommes soient au moins en partie dissipées et qu’ils puissent connaître un semblant de vie normale. »

« La délocalisation du traitement des demandes sur les îles de Nauru et de Manus n’aura d’autre résultat que de briser les personnes vulnérables prises au piège dans ces camps mal conçus après avoir fui des situations inimaginables. », a ajouté Graham Thom.

Par ailleurs, Amnesty International est fortement préoccupée par la proposition de la coalition d’opposition en Australie de limiter la prise en charge humanitaire, qui avait été accrue dans le pays.

L’organisation de défense des droits humains estime que la seule manière d’empêcher les demandeurs d’asile d’entreprendre de dangereux périples en bateau pour gagner l’Australie est de leur offrir des solutions de remplacement viables.

Cela passe notamment par le renforcement de la capacité des pays voisins de l’Australie à respecter les droits des réfugiés, mais aussi par le développement de l’accueil humanitaire de l’Australie.

Amnesty International rappelle une nouvelle fois que demander l’asile est légal et qu’il s’agit d’un droit fondamental. Essayer de présenter l’arrivée de ces personnes comme illégale est tout à fait fallacieux.

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