Arabie saoudite, l’exécution d’un ressortissant dénote un « mépris pour la vie humaine »

Arabie saoudite, l'exécution d'un ressortissant dénote un « mépris pour la vie humaine »

Hussein Abo al Kheir, ressortissant jordanien père de huit enfants incarcéré dans le quartier des condamnés à mort en Arabie saoudite depuis 2015, a été exécuté après avoir été déclaré coupable à l’issue d’un procès inique d’une infraction liée à la législation sur les stupéfiants.

« En ôtant la vie à Hussein Abo al Kheir sans même en avertir sa famille, les autorités saoudiennes affichent une nouvelle fois leur mépris total pour la vie humaine. Elles ne cessent de se targuer de leurs réformes législatives vectrices de protections en matière de droits humains, mais cette exécution à l’issue d’un procès inique révèle leur manque de détermination s’agissant de donner corps à ces assurances, a déclaré Heba Morayef, directrice pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International.

« Pendant des années, les autorités pénitentiaires saoudiennes ont détenu Hussein Abo al Kheir au secret, lui ont refusé toute assistance juridique et n’ont pas enquêté sur sa plainte concernant les actes de torture qu’il aurait subis pour lui extorquer les " aveux " qui ont servi de base à sa condamnation. Nul ne devrait avoir à endurer un tel calvaire. Le corps d’Hussein Abo al Kheir doit être restitué à sa famille sans délai, afin qu’elle puisse l’inhumer dignement.

« L’Arabie saoudite doit sans attendre instaurer un moratoire officiel sur les exécutions, en vue d’abolir la peine capitale dans le pays. Les autorités doivent examiner les cas de tous les prisonniers actuellement condamnés à mort afin de commuer leurs peines ou de leur accorder un nouveau procès équitable, excluant tout recours à ce châtiment. Enfin, elles doivent supprimer la peine de mort de toutes leurs lois, à commencer par la loi sur le contrôle des drogues et des narcotiques, qui confère aux juges le pouvoir discrétionnaire de condamner à mort les trafiquants de drogue ou les auteurs d’infractions connexes.

« Par ailleurs, les alliés internationaux de l’Arabie saoudite doivent affirmer clairement que ce pays ne peut pas continuer d’exécuter en toute impunité et exprimer avec force leur soutien aux condamnés à mort qui risquent d’être exécutés. »

Complément d’information

Depuis le 1er mars 2023, l’Arabie saoudite a exécuté 11 prisonniers, reconnus coupables de diverses infractions, notamment terrorisme, meurtre, viol, enlèvement et trafic de stupéfiants. En novembre 2022, elle a repris les exécutions pour des infractions liées aux stupéfiants après avoir observé une trêve entre février 2020 et octobre 2022.

Hussein Abo al Kheir, 57 ans, a été arrêté en 2014 et par la suite accusé de trafic de stupéfiants. Il a été condamné à mort en 2015 à l’issue d’un procès manifestement inique. Son exécution va à l’encontre de la décision prise en octobre 2022 par le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, qui estimait qu’il était détenu arbitrairement et demandait l’annulation de sa condamnation à mort ainsi que sa « libération immédiate et inconditionnelle ». Son exécution bafoue également le droit international relatif aux droits humains, qui interdit d’appliquer la peine de mort pour les crimes qui ne remplissent pas le critère de la catégorie des « crimes les plus graves », c’est-à-dire impliquant un homicide volontaire.

Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, sans exception, quelles que soient la nature et les circonstances du crime commis, la culpabilité ou l’innocence ou toute autre situation du condamné, ou la méthode utilisée par l’État pour procéder à l’exécution. La peine de mort viole le droit à la vie inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) et constitue le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit.

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