Amnesty remet le « Prix du non-courage en journalisme » à l’Égypte

Ce mardi 1er décembre, alors que Solafa Magdy recevra symboliquement ce même jour aux États-Unis le Courage in Journalism Award [2] décerné par l’International Women’s Media Foundation, une délégation d’Amnesty International a remis à l’ambassade d’Égypte, à Bruxelles, le « Prix du non-courage en journalisme » à destination des autorités de ce pays, qui maintiennent injustement la journaliste en détention depuis le 26 novembre 2019.

L’organisation de défense des droits humains a également remis à l’ambassade d’Égypte les près de 24 000 signatures récoltées en Belgique francophone d’une pétition demandant notamment la libération immédiate de Solafa Magdy, considérée par Amnesty International comme une prisonnière d’opinion.

« Avec ce prix fictif que nous remettons aux autorités égyptiennes, nous voulons attirer l’attention sur l’insupportable situation de Solafa. Alors qu’elle sera célébrée par ses pair·e·s pour la qualité de son travail de journaliste, Solafa croupit en prison pour les mêmes raisons qui lui valent de remporter le Courage in Journalism Award », explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.

Le 26 novembre 2019, Solafa Magdy, de même que son mari Hosam El Sayyad et Mohamed Salah, également journalistes, ont été arrêté·e·s par la police de façon arbitraire dans un café du Caire. Quelques jours plus tard, il·elle·s ont été placé·e·s en détention sur base d’accusations forgées de toutes pièces, notamment l’« appartenance à un groupe terroriste » et la « diffusion de fausses nouvelles ».

Cette situation a également un impact dévastateur sur le fils de Solafa Magdy et de Hosam El Sayyad, Khaled, âgé de sept ans et sur les moyens de subsistance de la famille, alors même que le droit égyptien interdit la détention simultanée des deux parents d’un·e personne mineur·e. Bien que les avocats des deux journalistes aient insisté sur ce point, la Cour a rejeté leurs demandes visant à obtenir la libération de l’un·e d’eux·elles.

« Au mépris le plus total du droit égyptien et, ce que mettent en avant les avocats du couple, de façon contraire à l’esprit de la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, dont l’Égypte est signataire, les autorités s’acharnent à punir Solafa et Hosam, témoignant ainsi de la férocité de la répression à l’encontre de quiconque fait usage de son droit à la liberté d’expression dans un sens qui ne leur convient pas », explique encore Philippe Hensmans.

Complément d’information

Solafa Magdy est incarcérée dans des conditions de détention inhumaines, caractérisées par la surpopulation, le manque de soins médicaux, et de piètres conditions d’hygiène et sanitaires. En raison de cette situation, des mauvais traitements répétés qu’elle a subis et de sa mise à l’isolement prolongé, son état de santé s’est gravement détérioré, ce qui est d’autant plus inquiétant compte tenu des risques élevés de propagation du COVID-19 dans les prisons égyptiennes.

Depuis que le président Abdel Fattah al Sissi est au pouvoir, les attaques contre les journalistes et les médias se sont multipliées en Égypte. Reporters sans frontières considère ainsi le pays comme « l’une des plus grandes prisons au monde » pour les journalistes, le plaçant au 166e rang du Classement mondial de la liberté de la presse 2020.

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