Afrique. Les industries minières abusent du processus de Kimberley

Il est temps pour l’industrie du diamant de cesser de se cacher derrière le Processus de Kimberley

Les entreprises commercialisant des diamants doivent cesser d’invoquer le Processus de Kimberley pour affirmer que leurs diamants ne sont pas liés à des violations des droits humains ni à des conflits, a déclaré Amnesty International à l’heure où l’assemblée plénière annuelle de ce système de certification se tient à Luanda, en Angola.

Des intentions louables ont présidé à la création du Processus de Kimberley en 2003, afin d’empêcher que des « diamants du sang » qui financent des groupes rebelles ne se retrouvent sur les marchés mondiaux. En septembre 2015, cependant, un rapport d’Amnesty International a mis en évidence les faiblesses structurelles de ce système. Des groupes armés de la République centrafricaine, par exemple, tirent profit du commerce des diamants à l’intérieur du pays ; des diamants centrafricains se fraient en effet un chemin sur les marchés mondiaux malgré l’interdiction des exportations prévue par le Processus de Kimberley.

« Le Processus de Kimberley a été créé afin de mettre un terme au commerce international de diamants du sang, mais il n’a même pas permis d’atteindre cet objectif limité. Parallèlement, les problèmes éthiques du secteur du diamant se sont amplifiés : notre rapport a dénoncé des pratiques telles que le travail des enfants, le trafic illicite, des conditions de travail proches de l’exploitation et des problèmes de fraude fiscale », a déclaré Lucy Graham, chercheuse au sein de l’équipe Responsabilité des entreprises en matière de droits humains à Amnesty International.

« Malgré les éléments mettant en évidence le besoin de changement, l’industrie du diamant a réagi de manière défensive à notre rapport et négligé les questions que nous avons soulevées. Les entreprises de ce secteur continuent à se cacher sous le vernis de respectabilité offert par le Processus de Kimberley plutôt que d’assumer leurs responsabilités pour ce qui se passe dans leurs filières d’approvisionnement. »

Les Émirats arabes unis, l’une des grandes places mondiales du commerce de diamants, doivent prendre la présidence tournante du Processus de Kimberley le 1er janvier 2016. Le rapport d’Amnesty International a attiré l’attention sur les lacunes du système émirien qui, s’il empêche le commerce de diamants du sang, encourage par le biais de la zone franche de Doubaï les négociants de diamants à réaliser d’énormes profits aux dépens de pays en développement.

« Les gouvernements, notamment celui des Émirats arabes unis, doivent montrer l’exemple. Cela suppose l’adoption de nouvelles lois qui obligent les entreprises à assumer leurs responsabilités lorsque des actes illégaux et de graves violations des droits humains sont commis dans leurs filières d’approvisionnement en diamants », a déclaré Lucy Graham.

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