Ces femmes qui se battent pour le droit à un avortement sécurisé

Lors de la journée internationale pour un avortement sûr, nous avons remercié tout·e·s les militant·e·s qui se sont mobilisées pour ce droit fondamental.

Le combat pour le droit à l’avortement d’Elena d’Amelio à Saint-Marin

Dans les pays où l’avortement est interdit, le changement est inévitable, comme nous venons de le voir dans le micro-État de Saint-Marin, qui a voté à une écrasante majorité pour la légalisation de l’avortement lors d’un référendum le dimanche 26 septembre 2021. Elena D’Amelio, professeur à l’université de Saint-Marin et militante des droits des femmes, a fait campagne au sein de l’Unione Donne Sammarinesi (Union des femmes de Saint-Marin) pour obtenir ce changement.

Elena Elena D’Amelio

« Il y a un retour en arrière envers les droits des femmes dans le monde entier. [Saint-Marin] est un petit pays, cela semble être un petit combat, mais je pense que c’est très, très important. Nous ne devons pas considérer nos droits comme acquis, à aucun moment. »

Avortement en Irlande : le combat de Jennifer Ryan

Elena et ses collègues de Saint-Marin ont reçu le soutien de militant·e·s d’autres pays d’Europe qui ont fait bouger les choses, comme l’Irlande, qui a voté à une écrasante majorité pour annuler l’interdiction de l’avortement en 2018.

Jennifer Ryan

Jennifer Ryan est membre de l’association Termination for Medical Reasons Ireland, et s’est engagée en 2012 après avoir dû se rendre en Angleterre pour se faire avorter en raison d’une anomalie fœtale fatale alors qu’elle attendait sa fille. Selon elle, le résultat du référendum en Irlande a montré que le point de vue du gouvernement sur l’avortement était éloigné de l’opinion publique :

« Le Oui a été ressenti comme la confirmation que ce qui nous était arrivé, le fait de devoir voyager pour pouvoir bénéficier de soins de santé était mal... et nous avons voté pour corriger cela pour la génération à venir.

« Pendant longtemps... nous n’avions pas l’impression qu’un changement allait se produire, et puis ça s’est accéléré et il y a juste eu ce nouvel espoir, qui a grandi au sein des gens. Et quand nous avons vu cela, c’était incroyable. Cette année, la législation doit être révisée. Nous espérons vraiment qu’ils l’examineront attentivement afin que toutes les femmes reçoivent les soins dont elles ont besoin. »

Interdiction de l’avortement à Malte : les espoirs de la médecin Isabel Stabile

Les militant·e·s poursuivent leur campagne dans d’autres pays où l’avortement est strictement interdit. Des personnes comme le professeur Isabel Stabile, médecin à Malte, victime de harcèlement en ligne pour avoir plaidé en faveur de la légalisation de l’avortement.

Isabel Stabile

Les avortements sont totalement interdits à Malte. Après avoir écouté pendant 15 ans les histoires déchirantes de personnes qui voulaient avorter mais ne pouvaient pas le faire, elle s’est engagée auprès de Doctors for choice Malta. Ils ne peuvent pas pratiquer d’interruptions de grossesse mais peuvent fournir des soins et des informations aux patientes avant et après l’avortement.

Elle dit qu’il est difficilement concevable que des personnes se fassent avorter chez elles, seules, sans médecin. Mais elles le font quand même. Le professeur Stabile a bon espoir qu’une réforme ait lieu à Malte, en grande partie grâce aux femmes courageuses qui s’expriment maintenant.

« Nous savons que c’est juste. Nous savons aussi que c’est inévitable. Je suis tout à fait sûre que la loi va changer... parce qu’il est impossible qu’elle ne le fasse pas. Ce qui a aidé à cet égard, ce sont les femmes qui partagent leurs histoires, comme sur la page break the taboo. »

Une autre militante à Malte est Lara Dimitrijevic, avocate et fondatrice de la Fondation pour les droits des femmes, qui dirige la coalition Voice for Choice.

« Ce qui me fait avancer, ce sont les femmes elles-mêmes, je les appelle les sheroes... ».

Elle affirme que le fait de recevoir du soutien du monde entier a fait une énorme différence pour elles : « Le soutien international, d’où qu’il vienne, vous donne le sentiment d’être à l’origine du changement, que votre voix est entendue. C’est un sentiment très agréable, en tant que militante, de savoir et de voir que vous n’êtes pas la seule dans ce cas. Et que nous sommes toutes dans le même bateau ».

Vanessa Mendoza Cortés, condamnée pour avoir milité en faveur de l’avortement

En Andorre, Vanessa Mendoza Cortés, militante des droits des femmes, fait l’objet de poursuites pénales pour diffamation, après avoir parlé du droit à un avortement sûr - lors d’un forum d’experts des Nations unies.

Vanessa Mendoza Cortés

Andorre est également l’un des rares pays au monde à avoir une interdiction totale de l’avortement.
« La criminalisation de l’avortement en Andorre implique que les femmes doivent aller à l’étranger pour payer un avortement, soit en France, soit en Espagne, ou plus précisément en Catalogne. Alors comment cela s’inscrit-il dans la politique féministe de ces pays ? Nous avons une phrase : vous venez dans notre pays pour acheter des parfums, nous allons dans le vôtre pour acheter des droits ».

« Ils essaient de faire de moi, un exemple de ce qui arrive si on revendique les droits des femmes. Mais si vous vous taisez, vous êtes du côté de l’oppression et de l’oppresseur. Et nous avons décidé il y a longtemps que nous n’étions plus silencieuses. »

Les femmes polonaises au coeur du combat pour le droit à l’avortement

Abortion Dream Team

Abortion Dream Team en Pologne aide les personnes qui souhaitent avorter en leur fournissant des informations et des conseils sur l’accès à des avortements sûrs, lesquels sont très restreints en Pologne. Cette association travaille également à changer le récit en montrant qu’un avortement n’est pas une déclaration politique ou une question morale, mais une réalité de la vie des femmes et de toutes les personnes susceptibles d’être enceintes.

L’opinion publique sur l’avortement a considérablement évolué depuis 2016. L’un des principaux changements que nous constatons est une solidarité croissante avec les personnes qui pourraient avoir besoin d’avorter. Le travail que nous faisons nous rapproche de la victoire, lentement, car nous devons nous remettre de décennies de stigmatisation de l’avortement, qui sont encore présentes dans l’esprit des gens. Mais ce que nous considérons comme un espoir, c’est le fait que beaucoup de jeunes queers ont été actif·ves dans les manifestations et qu’ils et elles sont capables de mener de front à la fois les questions d’avortement et d’orientation sexuelle, qui sont étroitement liées par les mêmes mécanismes de pouvoir et d’abus.

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