Qu’entend-on par violence contre les femmes ?

Définition

Amnesty International fonde son travail sur la définition figurant dans la Déclaration des Nations unies sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes :

"Les termes violence à l’égard des femmes désignent tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée.

La violence fondée sur le genre est la violence exercée contre une femme parce qu’elle est une femme ou celle qui touche particulièrement les femmes.

Selon certaines interprétations progressistes de cette définition, les omissions - privations ou déni de soins - peuvent constituer des actes de violence contre les femmes. L’on considère également que la violence dirigée contre les femmes inclut la violence structurelle (c’est-à-dire un préjudice découlant de l’organisation de l’économie).

Différentes formes de violence

Les actes de violence contre les femmes peuvent être physiques, psychologiques ou sexuels.

La violence dans le cadre familial

Elle revêt plusieurs aspects :
 les coups et blessures volontaires infligés par un compagnon, un père ou un frère ;
 les violences sexuelles infligées à des fillettes ou à des jeunes femmes par des membres de la famille au sein du foyer ;
 la violence liée à la pratique de la dot ;
 le viol conjugal ;
 les mutilations génitales féminines et les autres pratiques traditionnelles préjudiciables aux femmes.

Elle recouvre également les violences subies par les employées de maison, y compris :
 la réclusion forcée ;
 les violences physiques ;
 les pratiques s’apparentant à l’esclavage ;
 les violences sexuelles.

La violence dans le milieu social

Elle comprend :
 le viol et les autres formes de violence sexuelle, le harcèlement sexuel sur le lieu de travail, dans les établissements d’enseignement et dans les autres lieux ;
 la traite des femmes ;
 la prostitution forcée ;
 le travail forcé ;
 le viol et les autres formes de violence sexuelle commises par des groupes armés.

La violence imputable à l’État

Elle comprend :
 les actes de violence commis ou tolérés par des policiers, des gardiens de prison, des militaires, des agents de la police des frontières ou des services de l’immigration ;
 les viols commis par les forces gouvernementales au cours de conflits armés ;
 la torture en détention ;
 les actes de violence infligés à des réfugiées par des fonctionnaires.

Pourquoi la violence ne s’arrête-t-elle pas ?

Discrimination

La cause profonde de la violence à l’égard des femmes réside dans la discrimination liée au genre - le refus de l’égalité entre hommes et femmes dans tous les aspects de la vie.

Les femmes peuvent également être prises pour cible en raison de leur race, de leur niveau social, de leur milieu culturel, de leur identité sexuelle ou de leur contamination par le VIH, ou encore parce qu’elles appartiennent à des milieux pauvres ou marginalisés.

Domination

Certains hommes usent de la violence pour dominer les femmes, en particulier à travers le contrôle de leur sexualité. Les femmes qui ne se conforment pas aux normes en vigueur relatives à la féminité s’exposent souvent à de sévères châtiments.

Société

La violence contre les femmes n’est ni "naturelle" ni "inévitable" ; elle persiste car la société le permet. Quasiment chaque culture comprend une forme de violence à l’égard des femmes qui passe pratiquement inaperçue car elle semble normale ou acceptable.

Conflits armés

Dans les conflits armés, la violence contre les femmes est souvent une arme de guerre : elle est utilisée pour les déshumaniser ou pour persécuter la communauté à laquelle elles appartiennent.

Les femmes qui fuient leur domicile pour échapper à la violence ou à un conflit, ou encore dans l’espoir de trouver ailleurs une vie meilleure, risquent souvent, n’étant pas assez ou pas du tout protégées, d’être maltraitées ou exploitées.

Impunité

La violence contre les femmes se poursuivra tant qu’elle restera cachée, jugée avec indulgence ou passée sous silence par la société et les autorités, et tant que les auteurs de ces violences ne seront pas soumis à des sanctions.

Pauvreté

Partout dans le monde, les femmes sont plus fréquemment victimes de la pauvreté que les hommes. En outre, la pauvreté qu’elles subissent est plus grande que celle des hommes, et un nombre croissant de femmes en sont victimes. Les effets négatifs de la mondialisation contraignent de plus en plus de femmes à la marginalité.

La pauvreté peut être à la fois la cause et la conséquence de la violence contre les femmes. Quelle que soit leur catégorie socio-économique, toutes les femmes peuvent un jour être victimes, de la part de leur compagnon, de violences physiques, sexuelles et psychologiques ou de privations. Cependant, selon un rapport récent de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les femmes vivant dans la pauvreté représentent une part disproportionnée des victimes.

Le manque d’autonomie économique, la privation du droit à la propriété ou de l’accès au logement et la crainte de perdre leur(s) enfant(s) font que peu de femmes se risquent à affronter les terribles conséquences qu’entraînerait leur décision de quitter une situation de violence ou de tenter d’obtenir justice auprès d’un système judiciaire parfois discriminatoire ou indifférent à leur égard.

Violence et culture

Partout dans le monde, les fonctions et rôles sociaux des femmes sont fixés. Chaque culture possède une façon caractéristique de définir les rôles des deux sexes. Les femmes sont presque toujours cantonnées dans des rôles secondaires par rapport à ceux des hommes. Et la violence est fréquemment utilisée pour faire respecter ces rôles.

Les institutions sociales et politiques encouragent parfois la soumission des femmes et les violences dont elles sont victimes. Certaines traditions et pratiques culturelles - particulièrement celles qui sont liées aux notions de pureté et de chasteté - sont parfois invoquées pour expliquer ou excuser le traitement infligé aux femmes. On trouve pratiquement dans toutes les cultures des formes de violence contre les femmes, mais cette violence est difficilement perceptible car elle passe pour "normale".

Le comportement d’une femme est souvent considéré comme reflétant les qualités de sa famille ou de son milieu social. Si une femme semble outrepasser le rôle culturel qu’on lui a attribué, elle peut être accusée d’avoir jeté la honte et le déshonneur sur sa famille et sur son milieu. La violence ou les menaces constituent alors une méthode de sanction et de contrôle. Dans les cas les plus extrêmes, la femme peut être défigurée ou même tuée. Ces prétendus "crimes d’honneur" sont traités avec une certaine indulgence dans le code pénal de nombreux pays.

Même dans les pays dont la législation criminalise la violence contre les femmes, on constate que cette dernière est parfois tolérée à tous les niveaux de la société.

Pour aller plus loin : les cyberviolences à l’égard des femmes

Si le développement des outils technologiques et de l’Internet a permis de nombreuses avancées, ils sont également de nouveaux espaces où s’expriment les violences faites aux femmes. Un grand nombre d’entre elles sont par exemple victimes de cyberharcèlement, un harcèlement spécifiquement mené sur les plateformes électroniques comme Twitter. Pour une prise de position quelconque (« je suis contre le harcèlement de rue », « je soutiens les femmes victimes de viol », « je suis journaliste et je mène une enquête sur le sexisme » …) , elles reçoivent un grand nombre de messages injurieux et violent (menaces de viol, menaces de meurtre), de la part d’une seule personne ou plus généralement d’un groupe.

Si elle se déroulent dans un cadre virtuel, ces violences ont pourtant un impact bien réel, d’autant plus que les plateformes numériques leur donnent la possibilité d’être illimitées dans le temps comme dans l’espace. La victime peut être insultée alors même qu’elle est chez elle, et ce au beau milieu de la nuit. S’il existe plusieurs dispositions de loi luttant contre de tels phénomènes, le cyberharcèlement et le cybersexisme restent dans les faits largement impunis.

Par ailleurs, une étude récente montre que les outils numériques facilite et aggrave les violences à l’encontre des femmes vécues dans le cadre conjugal. Un conjoint violent peut ainsi vérifier en permanence où se trouve son ou sa partenaire par des SMS répétés, des appels voire l’installation d’un logiciel de localisation à son insu. Il peut également filmer des rapports sexuels sans son accord et ensuite menacer de les diffuser en cas de rupture. De nouveau, la plupart de ces cyberviolences conjugales correspondent à des délits punis par loi, mais elles sont encore peu prises en compte dans les faits. Pourtant, 9 femmes sur 10 victimes de violence conjugale indiquent avoir subi au moins une forme de cyberviolence conjugale.

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