Micro-trottoir : les droits humains, ça vous dit quelque chose ?

Suite au sondage sur les perceptions et les comportements des Belges francophones quant au respect des droits humains, nous sommes partis à la rencontre de la population sur les routes de Bruxelles et de Wallonie. Alors, qu’en pensent-elle réellement ? Pour le savoir, découvrez notre micro-trottoir spécial droits humains !


Samuel, Gemboux

“ Si je devais résumer les droits humains... C’est le droit de recevoir une éducation, le droit simplement d’avoir un toit pour vivre, le droit d’être traité de la même manière que n’importe qui, qu’on soit un homme ou une femme, qu’on soit d’une origine différente ou d’une religion différente. C’est aussi le droit d’être entendu si j’ai un problème avec la justice. Et si un jour je suis accusé de quelque chose, j’ai le droit de me défendre. C’est aussi le droit d’avoir accès à un travail, le droit de fonder une famille ainsi que le droit de découvrir le pays dans lequel je vis et d’autres pays. J’ai le droit de m’amuser sans empiéter sur l’amusement des autres. J’ai le droit d’être entendu, mais surtout de m’exprimer (...) En ce qui me concerne, il m’est déjà arrivé de m’engager en faisant des dons pour des associations comme la Croix Rouge ou Oxfam. Ce week-end, à la braderie de Gembloux, il y avait l’association pour la lutte contre le Sida. Je les ai écoutés, et j’ai décidé de faire un don. Cependant, je ne me sens pas forcément plus impliqué en faisant cela (...) Selon moi, il faut protéger les droits humains. La religion, par exemple, n’est pas quelque chose qui m’intéresse, cependant, je trouve cela important d’avoir cette liberté de croire. Les gens doivent avoir le droit d’être eux-mêmes, d‘aller s’ils le veulent à la mosquée ou à l’église. Personnellement, je fais de mon mieux pour essayer de respecter les autres, mais je trouve que nous sommes de plus en plus divisés. Au lieu de se rapprocher, on pense davantage à se protéger des uns et des autres.”


Nathalie, Arsimont

“Si je devais résumer les droits humains, c’est le droit à la santé, le droit à l’alimentation et le droit aux services publics. Pour moi, les droits fondamentaux ne sont pas totalement respectés en Belgique. On pense avoir des droits, mais en fait, ils sont bafoués pour la plupart d’entre eux. C’est le cas de la santé, par exemple, il y a des personnes qui n’ont pas d’argent et donc ils ne peuvent pas avoir accès aux soins. Un autre exemple pour lequel nos droits sont bafoués, c’est qu’il n’y a pas d’égalité entre les gens, les enfants de ministres n’ont pas les mêmes droits que moi. Selon moi, il y a une inégalité de traitement et donc une injustice ! (...) Je pense que les gens aussi manque de connaissances des droits que chaque individu peut avoir dans la société. Si on veut une amélioration du respect des droits humains en Belgique, il faut que les gens soient mieux informés et que l’Etat en fasse davantage. Selon moi, l’État n’en fait pas assez, il y a actuellement un désintérêt, voir un désengagement de celui-ci en ce qui concerne le respect des droits fondamentaux. (...) Je suis sensible aux droits humains, mais on ne peut pas dire que je sois engagée. Pour moi, c’est plutôt la jeunesse qui doit prendre la relève. Les jeunes doivent s’engager en s’unissant, comme on dit “l’union fait la force”. Je constate un certain désintérêt chez les jeunes, alors qu’ils devraient s’unir pour s’engager plus fortement. Si les droits fondamentaux étaient davantage enseignés à l’école, peut-être que cela faciliterait une réelle prise de conscience de leur part.”


Philippe, Auvelais

“ Selon moi, il y a un réel désintérêt des jeunes à s’engager. Les jeunes ne se sentent pas concernés et ils ne sont pas au courant de la réalité. Ils vivent dans leur bulle avec leurs soirées et leurs potes.À mon plus grand regret, les jeunes sont dans l’illusion du futur en pensant que tout ira bien dans les années à venir et sont déconnectés d’une certaine réalité. La jeunesse qui s’engage doit convaincre les autres jeunes à s’engager. Il faut qu’il y ait un mouvement collectif (...) En effet, certains droits humains sont bafoués en Belgique. Quand on sait, par exemple, qu’il est nécessaire de demander une autorisation pour manifester, cela pose des questions sur le droit de se réunir pacifiquement. Cela peut être considéré comme une restriction de nos libertés fondamentales. Bien sûr, la situation est parfois bien pire ailleurs, comme au Venezuela où, en ce moment, il y a des violations quotidiennes des droits humains. Cependant, il faut rester vigilant et ne pas nous endormir sur nos acquis. Le respect des droits humains pourrait se détériorer en Belgique et c’est aux citoyens de se bouger. Je crois à la mobilisation citoyenne.”


Pierre, Nivelles

“ Si je devais choisir un droit fondamental qui m’est cher, je dirais avant tout la liberté de penser. Vu le contexte actuel dans lequel on vit avec une montée du fanatisme, il faut absolument réagir. Personnellement, je suis agacé quand les gens sont indécis à aller voter en Octobre. Moi, je dis oui, il faut aller voter sans hésitation parce que sinon, ce sont les gens qui ne défendent pas les droits humains, les extrémistes, qui vont l’emporter car eux, ils iront aux urnes. Regardez ce qui s’est passé en Turquie, regardez ce qui s’est passé en Italie, et même en France. La situation est alarmante. Les droits humains, c’est la liberté. C’est aussi le pouvoir de jouir de certains espaces. C’est aussi de choisir, d’avoir un libre-arbitre. C’est important surtout dans le contexte de l’immigration, du terrorisme et du fanatisme. Pour moi, les droits fondamentaux sont encore respectés, ici, en Belgique. On est encore dans un pays démocratique. Je pense qu’on reste protégé si on compare à d’autres pays européens comme la Hongrie, la République Tchèque et la Pologne. Là-bas, on peut se poser des questions, mais ici, il faut être vigilant. Il ne faut pas lâcher le morceau et rester sur nos gardes .(...) En ce qui concerne l’avenir des droits fondamentaux, oui, je suis inquiet, car je suis pensionné et je m’occupe de nombreuses ASBL en Belgique où j’essaie d’aider des gens avec différents projets. Je remarque qu’il y a une jeunesse un peu désoeuvrée, et il faut faire attention à cela, car cette jeunesse peut vite basculer. Vous savez les gens qui n’ont plus rien, ils se disent “ce gars-là, il a l’air de bien parler, il va peut-être nous promettre autre chose”. Il faut donc faire attention à ce genre de populisme, ce populisme tout à fait gratuit mais dégradant car il existe. Vous savez, moi, j’ai des gens dans ma famille, mes aïeux, ils ont fait la résistance. J’ai été bercé dans mon enfance de cela. Quand on voit certains coins du monde, en Belgique on n’en est pas loin. C’est grave, c’est très grave (...) Pour moi, l’engagement est essentiel et qu’elle que ce soit la raison pour laquelle vous vous engagez. C’est fondamental pour lutter contre l’individualisme qui ronge la société. Le sentiment d’appartenance peut permettre d’aider des personnes. Je pense même que c’est fondamental pour la défense des droits humains. “


Alexandra, Châtelet

Tout le monde devrait avoir le droit de se marier. Ce n’est pas parce que certaines personnes sont bisexuelles, lesbiennes ou gay que leurs droits humains doivent être remis en cause. Je connais un couple homosexuel qui a dû venir ici à Châtelet pour se marier parce qu’elles se sont vus refuser leur union dans une autre commune. Les gens n’acceptent pas facilement celles et ceux qui ont une sexualité différente. Je ne suis pas d’accord avec cela, moi, quand je vois des personnes qui se moquent de mon voisin qui s’habille parfois en fille, je prends sa défense. Il a le droit de s’habiller comme il veut. C’est son corps. Bien qu’il y ait une forte communauté LGBT ici, beaucoup de personnes refusent qu’on soit gay, lesbienne ou bisexuelle. Ici, les jeunes sont plus ouverts sur la question si on compare aux personnes âgées qui n’ont pas la même mentalité que nous. “


Innocent, Bruxelles

“Les droits humains, ce sont des droits et des devoirs, ils ne peuvent s’exprimer en dehors du cadre législatif. En Belgique, ce sont parfois les citoyens eux-mêmes qui ne font pas les efforts pour les respecter. De mon côté, je suis sensible aux droits humains à condition que l’autorité soit réceptive et que les gouvernements respectent les lois, notamment les droits juridiques de chacun et chacune. Dans les pays où il y a la dictature et l’oppression, c’est tout autre chose…”


Chloé, Nivelles

“Si je devais choisir, je m’engagerais plus volontiers pour le droit des femmes, notamment en faveur des femmes les plus démunies, seules avec des enfants, ... En Belgique, au contraire d’autres pays dans le monde, les inégalités entre les hommes et les femmes ne sont pas si importantes, selon moi. Mais, tant que les femmes et les hommes ne seront pas totalement égaux, on pourra toujours faire mieux. Au-delà de l’inégalité entre les hommes et les femmes en Belgique, on connaît d’autres violations des droits fondamentaux. C’est le cas de l’article 2, qui stipule que “tous les êtres humains sont égaux malgré leurs différences, par exemple, leur couleur de peau, leur sexe, leur religion, leur langue”, je pense que ce droit n’est pas toujours respecté, car il y a du racisme en Belgique, comme de dans nombreux endroits de la planète. D’une manière générale, je trouve que les droits humains sont assez respectés. Après, je suis étudiante et peut-être que je ne réalise pas vraiment ce qui se passe autour de moi. “

Toutes les infos
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit