Les personnes réfugiées et en quête d’asile abandonnées à leur sort Par nos chercheurs sur la migration à Amnesty

«  J’ai quatre enfants, alors je n’ai pas pu tous les sauver de la noyade. Le lendemain, j’ai identifié les corps. »

La Turquie accueille trois millions de personnes réfugiées et en quête d’asile, dont la plupart viennent de Syrie, mais beaucoup viennent aussi d’Afghanistan, d’Irak et d’Iran. Ce chiffre représente une énorme part de la totalité des réfugiés qui fuient la guerre et les persécutions à travers le Moyen-Orient, alors que d’autres pays ne font pas grand-chose ou tentent d’empêcher les réfugiés d’entrer sur leur territoire.

Haji Shafi et Raciye nous ont expliqué que la situation qui était la leur en Turquie les a poussés à tout risquer – avec des conséquences catastrophiques – pour tenter de trouver un moyen de subvenir aux besoins de leur famille.

Haji Shafi et sa sœur Raciye, qui sont originaires d’Afghanistan, sont allés en Turquie pour trouver la sécurité. Ils voulaient trouver du travail pour avoir de quoi vivre, et offrir à leurs enfants une éducation digne de ce nom, ce qui selon eux était impossible en Afghanistan. Mais ils ont vite réalisé qu’ils n’allaient pas pouvoir rester, car ils ne disposaient d’aucune aide et n’avaient aucun espoir de trouver un travail et d’offrir un meilleur avenir à leurs enfants.

Ils ont en vain cherché un travail en Turquie. Haji Shafi a dit qu’il ne pouvait pas retourner en Afghanistan à cause des menaces qu’il avait reçues de la part de talibans, et expliqué qu’il a estimé que la seule solution était de quitter la Turquie pour la Grèce, dans l’espoir de trouver de meilleures conditions de vie en Europe. Faute d’une autre solution plus sûre, ils ont décidé de traverser la mer Égée au péril de leur vie, afin d’offrir à leur famille une nouvelle vie.

Alors en octobre 2015, Haji Shafi a donné 7 000 dollars à des passeurs pour qu’ils emmènent en Europe sa femme Nazila, leurs quatre enfants, ainsi que sa sœur Raciye, le mari de celle-ci, Mohammad Fahim, et les trois enfants du couple.

Comme cela s’était produit pour beaucoup d’autres avant eux, leur périple s’est terminé de façon tragique.

Haji Shafi a déclaré : « Nous avons eu très mauvais temps, il pleuvait beaucoup, et les vagues étaient hautes. Les gens à bord ont eu très peur et ils ont commencé à sauter dans l’eau. Le bateau s’est retourné, et je n’ai pas pu sauver tous mes enfants, parce qu’ils étaient quatre. »

Deux des fils de Haji Shafi – Yusuf, cinq ans, et Yunus, trois ans – et la fille de Raciye – Farah, six ans – sont morts.

«  Le lendemain, j’ai identifié les corps. » Cela nous a dévastés, et nous n’arrivons plus à faire des projets ; nous n’arrivons plus à prendre des décisions. Nous sommes dévastés. »

Même après cette tragédie, qui a forcé la famille à retourner en Turquie, ils n’ont pu trouver aucune aide. Comme ils avaient perdu leurs économies, ils ont dû au début dormir sous un pont près de la mer. Mais ils ont rencontré par hasard un homme venu d’Afghanistan qui a accueilli chez lui cette famille traumatisée, qui a ainsi trouvé un abri.

En dehors de cela, leur situation leur laisse peu d’espoir car ils ne bénéficient d’aucune aide et se trouvent dans une impasse. Les Afghans ne reçoivent pas le statut plein et entier de réfugiés en Turquie et ils n’ont pas non plus accès à des possibilités d’intégration. Un pays peut-il être considéré comme sûr si les personnes réfugiées et en quête d’asile n’y ont pas accès à un emploi et à l’éducation ?

Ces familles savent qu’elles ne peuvent aller ni en Afghanistan ni en Europe, car l’Europe a fermé ses frontières aux réfugiés. Elles sont à présent en train de chercher courageusement une solution pour leur avenir.

Amnesty International engage les gouvernements à résoudre la crise mondiale des réfugiés. Nous demandons aux gouvernements de faire en sorte que les personnes réfugiées et en quête d’asile aient accès à des itinéraires sûrs et légaux pour atteindre l’Europe et des pays riches, afin qu’elles n’aient pas à mettre leur vie en péril dans l’espoir d’un meilleur avenir. Nous appelons également les autres États à partager la responsabilité financière de l’accueil des réfugiés, afin qu’elle ne repose pas uniquement sur un nombre restreint de pays qui n’arrivent pas à faire face et qui ne sont pas à même de fournir l’aide nécessaire.

Des chercheurs d’Amnesty International qui se trouvent sur le terrain en Turquie et dans le reste du monde rassemblent des éléments de preuve et travaillent en vue d’accentuer la pression sur les États afin qu’ils réagissent et prennent les mesures nécessaires pour que des tragédies telles que celle qu’ont vécue Haji Shafi et Raciye ne se reproduisent pas.

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